Non pas à cause de grâce à une Nymphe descendue des étoiles pour éclairer ma vie de son rire cristallin, telle le fit Biscotte, mais parce que je me suis tiré les doigts du coin-coin.
Un jour, pas si lointain, que j’avais le nez en l’air, et ce fut pour une fois chez moi que mon tarin subi cette élévation et non pas sous le ciel de Paris, je tombais nez à nez avec … un rail de rideau.
Ce dernier était bien sûr présent depuis belle lurette, mais la grande nouveauté fut que d’un je m’en apercevais, de deux il était dans ma cuisine, et plus encore: au dessus de ma fenêtre.
Pour percevoir en quoi ce face-à-face mène à une déclaration telle que le titre de ce billet, il faut que je vous dise, vous qui lisez mais ne connaissez pas mon aire, que je vis dans un studio au dernier étage, orienté EST. C’est à dire là où le Soleil se lève.
Cet astre lumineux, outre le fait de ne jamais faire de grasse matinée, a l’inconvénient de se lever rudement tôt quand approche l’été, surtout quand il n’y a pas de nuages.
Ceci ne serait rien sans ce détail: je n’ai pas de volets ni de rideaux ni de persiennes ni de vélux ni quoi que ce soit de vaguement opaque qui masque les rayons chaleureux mais néanmoins matinaux de cette chère boule de feu quand elle décide de pointer ses rayons vers ma cuisine.
Et ça fait 5 ans que ça dure. Ca fait 5 ans que je me fait réveiller à des heures indues quand notre chère étoile n’est pas masquée par des nuages; 5 ans que quand je me couche aux aurores pour cause de codage nocturne (souvent accompagnée de crise de folie créatrice) je me met un masque de nuit sur les yeux, piqué dans les avions; 5 ans que je mets un drap acheté au Népal quand je veux faire une grasse matinée avec celle qui partageait mes nuits; 5 ans que je maudis notre foutue planète de s’orienter vers celle boule jaune le dimanche matin plutôt que d’arrêter de tourner et me laisser cuver tranquille.
5 ans, donc, qui viennent de prendre fin: j’ai pris mon courage d’une main, mon portefeuille de l’autre, et ma moto entre les jambes, et je suis allé acheté un RIDEAU, aujourd’hui à V2.
Oui, un rideau. Occultant, qui plus est. Ca m’a enluminé le reste de la journée, cette crise de courage. Je me suis maudit de ne pas avoir percuté plus tôt que ce rail était présent. Tous les souvenirs me sont revenus: le masque de nuit qui va se cacher au fond de la couette à la faveur d’une nuit agitée, le drap pas si opaque que ça, les réveils bien trop tôt les samedi ou dimanche matin de cuite.
J’étais comme un gamin à Noël, ce soir, quand je l’ai installé. Il est bien sûr trop long, et je vais y faire un ourlet. Mais il est là, présent, lourd, et OPAQUE!
Ceci ajouté au fait que j’ai ENFIN acheté un guide sur le Canada, et que j’ai enfin… euh… fait certaines choses qui me trottaient furieusement dans la tête, fait donc que je reprend du poil de la bête.
Miam, c’est bon le poil de la bête!