Raaa, j’aime pas ça…
Je pars en vrille quand je la vois. Ça chauffe, sert, fait trembler. Je me remémore ce qu’il s’est passé, ce que je ne peux pas faire, ce que je voudrais faire, ce qu’il est dangereux de faire, ce que je veux faire, ce qu’il est possible de faire, et ça me mine, et les nuages sombres s’accumulent.
Je vois tout en noir, je regarde ce que je suis et ça ne va pas. Et ensuite ça va parce que je me dis que je suis ainsi fait, puis ça ne va pas parce que c’est sans issues et qu’il vaudrait mieux que je prenne des mesures.
Et je deviens de sale humeur. Envie de ne parler à personne. Et du coup je vois plus clair: boulot=merde. C’est pas la vie, c’est pas ma vie.
C’est absurde. Se prendre la bouille sur des paquets tcp alors que l’important n’est pas là est absurde. Croire que c’est important est absurde. S’y intéresser est absurde. Se passionner pour est absurde.
Pas envie de parler, pas envie qu’on me parle. Envie de parler, envie qu’on me parle mais putain de merde d’autre chose que le taf.
Et c’est l’orage.
Et j’ai envie de l’assassiner lui. Lui arracher les tripes, l’écorcher vif, lui écraser mon poing dans la gueule. D’enfin me débarrasser de lui.
Et j’ai envie de plein de choses avec elle. De choses impossibles. De choses qu’il ne faudrait pas. De choses inavouables. De lui dire plein de choses. D’y aller et d’y rester.
Et je hais tout le monde. Je trouve tout le monde laid et ridicule. J’ai envie de tuer tout le monde. Un gars ne prends que des légumes à midi? Quel plouc! quel con! superficiel, tout ça. En plus il est laid parce que vieux.
Je ne rigole plus, ne souris plus, parle à peine, évite avec brio les sujets dont je ne veux pas parler et qui feraient qu’il faudrait que je réponde à des questions, ou qui parlent du taf. J’en lance, les laissent rebondir sur mes chers convives, les regarde muter, s’approcher de moi, les évite, ils repartent, s’éloignent, me foutent la paix, ils jouent avec. Bande de cons. Une attaque survient: je ne souris pas, ne regarde pas, ne réponds pas, ça serait jouer et je ne veux pas jouer. Je hais tout le monde, foutez-moi la paix, soyez comme moi, je veux aller avec elle. Je veux me perdre.
On ne devrait jamais réaliser ses rêves, jamais goûter au paradis, ou ne jamais les perdre. C’est pour ça que les barrières existent. Je n’aurais pas dû les franchir. Les prix à payer est élevé.
Je cherche un endroit où me cacher. Je tourne comme un électron en cage, incapable de m’échapper. Je bouge mais ne suis pas si vivant. Je trouve quelque chose à faire, le fait. Je devrais bosser? Qu’ils essaient de m’y contraindre! J’ai dans la tête tout un tas de phrases toutes faites à leur répondre. Qu’ils viennent, ces haïs.
Et j’y pense. Trop. Trouve toujours les mêmes non-solutions, ai toujours les mêmes envies de parler/faire. Je devrais apprendre, pourtant. Pourtant ça passera, comme c’est toujours passé. Pourtant je sais m’en protéger. Pourtant ça me flingue toujours autant.
Putain envie d’écrire, comme à chaque fois. Doigts qui tapotent, mots qui calment, mais pas le temps. Taf à faire. Et mon ange qui n’est pas là…
Je veux être prêt d’elle. Je ne veux pas être là. Je veux aller me brûler. Je veux aller me brûler… Je veux aller me brûler!
« I want more » de Faithless me trotte dans la tête. J’écoute Elliott Smith. Bien sûr ça ne me calme pas.
Je reviens à mon poste, un peu calmé, les idées changées, du moins. Il se trouve que, extraordinaire, je bosse…
L’orage s’éloigne. Personne n’en a rien su. Personne ne sait ce qui me hante. Personne ne sait ce que j’ai fait. Elle ne saura jamais ce qu’il vient de se passer.
Le coeur toujours en feu, à jamais habité par ça, lèvres serrées, je continue à vivre tant bien que mal. Je vais sans doute faire infléchir ma vie dans une direction à jamais irréversible. J’ai déjà infléchi le cours de ma vie d’une manière irréversible…
Ce qui ne me tue pas ne me rends pas plus fort: ça me blesse et m’affaiblit.
Tracklist:
- « I want more », Faithless
- « Angeles » et « Alameda », Elliott Smith
- « La maison des feuilles », de Mark Danielewski.