On s'emmerdait un peu

(3 et 4 Mai)

A Zion, le but était de faire les Narrows: Zion est un parc national gigantesque, et les narrows sont une balade dans le lit de la rivière. Comme son nom l’indique, c’est étroit, et donc sujet aux flash flood. Un coup de fil à l’accueil du parc national nous informe que les Narrows sont … fermées!

Pour cause de trop de flotte. C’est trop con, j’avais taxé le sac étanche de Gilles et achetté des pompes de rafting exprés. Mais tant pis, Zion est grand, on aura de quoi faire.

Vu qu’on n’allait pas faire les Narrows, on a décidé de faire un détour par Cedar Breaks, qui est un autre parc national, quasi sur la route.

Arrivée là-bas, barrière fermée pour cause de trop de neige. Tant pis, on se dirige donc vers Zion. Quelques centaines de mètres plus loin, se trouve ce qui semble être une air de parking.

« Semble », parce qu’elle est un peu enneigée, l’air de parking, du moins son entrée.
Pas grave, on a un 4×4, on décide d’y aller (au lieu de garer la voiture sur le bord de la route et d’y aller à pied, qui était la proposition de Bérengère), on est joueur ou on l’est pas, ha ha!
On passe par la boue, la voiture s’embourbe, mais Côme nous dégage de là. On va au point de vue, prend quelques photos (ça caillait velu) et on repart.

Problème: passer par la boue est exclu: on a déjà testé, c’est sujet à embourbement. Côme projette de passer par la flotte (il y avait une belle grande flaque d’eau qui nous séparait de la route), Leati nous dit que par la neige ça passe (elle était sortie pour tester cette dernière, et à la voir sautiller dessus comme une gamine à qui on a refusée la dernière Barbie, ça avait l’air d’être solide).
Moi perso, vue la flaque (« Au fond d’une mare repose de la gadoue », a dit Lao Tseu) et le talus qu’il faut ensuite grimper pour atteindre la route et vue la neige par laquelle Laeti nous dit de passer (« La neige, ça glisse », lui a répondu Confucius), j’avoue que je ne sais pas trop quoi choisir… Côme étant au volant, il écoute sa chère femme, prends de l’élan, fonce dans la neige, et la voiture s’arrête au bout d’une dizaine de mètres.
Rien à y faire: coups de volant, marche avant et arrière, y a pas moyen, ça patine superbement, on est scotché…

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Là on était VRAIMENT dans la merde! Il ne restait qu’une heure ou deux avant le couché du soleil, ça caillait sacrément, et la route au bord de laquelle nous étions est loin d’être aussi fréquentée que V2 une semaine de Noël.

Alors on à fait ce qu’on a pu faire: on est allé cherché des branches, on a transformé nos gamelles en pelle à neige (désolé, p’pa, je t’en rachetterai une) et on a essayé de faire adhérer un maximum de roues au sol. Mais rien à faire: soit ça patinait, soit quand ça adhérait ça ne bougeait pas d’un poil et la transmission claquait, soit ça adhérait à moitié et le pneu fumait.

Ou bout d’un petit moment sont passés des Canadiens, qui ne n’ont pas pu nous aider, puis un gars du coin, qui ne nous a pas plus aidé, du moins à dégager la voiture…

Côme avait souscrit une assurance, pour la voiture. Le gars proposait d’emmener qui veut à un téléphone en ville histoire de passer un coup de fil à cette assurance, pour savoir ce qu’elle pouvait faire pour nous. Théoriquement, ils nous dégagent si on est enneigé/embourbé/ensablé. Mais … uniquement si on ne sort pas des chemins balisés. Si on acceptait que l’assurance nous sorte d’ici alors qu’il était avéré que nous n’étions pas dans un chemin balisé, ça allait nous coûter 400$…
Le gars a emmené les filles en ville appeler l’assurance. Une dépanneuse allait passer d’ici moins d’une heure. Elle est en fait passé 1h3/4 plus tard. Pendant ce temps nous avions abandonné l’idée de dégager la voiture à la main, Jay nous ayant proposé de dormir dans un des lodges qu’il tenait.
La dépanneuse (qui n’était rien d’autre qu’une dépanneuse: on s’attendait à un truc plus sérieux, genre déneigeur…) est donc finalement arrivée. Le dépanneur a dit qu’il ne pouvait pas venir nous tirer par derrière parce qu’il aurait fallut qu’il passe par la boue (ou la neige ou l’eau) et qu’il risquait de s’y embourber aussi. Il a pris le volant pour essayer de dégager la voiture, mais sans plus de succès que nous, et il est arrivé à la même conclusion que nous: la voiture est perchée sur un tas de neige. Le seul moyen et de l’en faire descendre ou d’amener le sol à ses roues (et mettant des supports).

Il était quelque chose comme 11h du soir, et une chose était clair: ça ne serait pas ce soir…

On est donc allé dormir dans un des lodge de Jay, et là, l’allu: c’est immense, c’est tout en bois, c’est magnifique, et des vrais grands lits en dur. Des lodges de luxe 🙂
Dans notre malheur, on a eu au moins cette chance.

Levé le lendemain matin tôt. Jay nous a filé des pelles à neige, et rebelotte pour une opération déneigeage.

Et c’est là que j’ai pris conscience d’une chose: il est 8h du mat’, et je dégage une voiture par un froid de canard à 3000m d’altitude! Hé oui! J’avais pas fait gaffe aux altitudes, moi, mais les plateaux qu’on a visité ne sont pas au niveau de la mer, loin de là, et là encore moins!

Avec des pelles à neige, c’est tout de suite plus facile, sauf quand on en casse une ou quand la neige gèle pendant la nuit, par exemple… On aurait pu croire qu’on avait toute la journée pour creuser tranquillement, mais Jay nous avait dit qu’il fallait qu’on se magne parce que d’une part si les fédéraux se pointaient ça allait compliquer singulièrement les choses, et d’autre part si son patron à lui se pointait il n’allait plus pouvoir nous faire un prix sur les chambres (sympa, le mec, non?) Alors on s’est activé.

Mais sans plus de succès: on a réussi à pas mal dégager les roues, à dégager l’avant, et à pas mal dégager dessous, mais la voiture était toujours perchée.

Et puis s’est pointé une voiture, genre pick-up, avec des gars dedans. Ils se sont arrêté, et nous ont regardé. Quelques minutes après une autre voiture du même style est arrivée, et même scénario. Ça ne leur dirait pas de venir nous aider, par hasard? Les mecs conversaient, tranquille…

Au bout d’un petit moment, ils viennent vers nous et nous proposent leur aide. Hé bien ma foi c’est pas de refus! On essaye une dernière fois de dégager la voiture avant de les laisser tenter de nous tracter.

Evidemment, notre tentative échoue. Le mec monte dans sa caisse, passe par la boue (qui, dans la nuit, avait gelée!) et se met derrière nous. Il attache une chaîne entre notre 4×4 et le sien, et tire doucement.

Ça sort pas.

Il prend un peu d’élan, et tire de nouveau.

Pas mieux.

Et puis il prend de l’élan un peu plus sérieusement (un bon mètre et demi), et je me dis: mais bordel de m….! Il va péter la chaîne, ou notre châssis, ou le sien! Il est dingue!

Tu parle… il met la gomme, la chaîne se tend, et la voiture fait un bond en arrière hors de sa gangue de neige!

Mortel!!!

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On remercie les gars, on remballe tout en 3ème vitesse et on rentre au lodge.

Direction Zion, cette fois-ci 🙂

Et Merci encore à Jay pour sa gentillesse et son aide.

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