Vendredi dernier, Paul fêtait son anniversaire dans Jabbour’s Mansion (a.k.a « La maison du bonheur »). Marie n’ayant plus de voiture, on y va ensemble sur mon fidèle destrier. Elle transporte une salade dans un Tupperware coincé entre elle et moi.
Je roule dans la voie de bus, comme tout bon motard francilien. On était à peut près au niveau d’Atac, dans Chatillon; je discute avec Marie à travers le casque quand celle-ci me hurle « ATTENTION! »
Je tourne la tête et en face de moi se trouve une voiture qui amorçait son virage pour entrer dans une voie de garage. Je saute sur les freins, mais trop tard, bien évidemment. La voiture n’était pas perpendiculaire à moi mais en biais. Je heurte son aile arrière droite, le rétro explose la vitre correspondante, la moto glisse sur la voiture et entame la portière droite avant de tomber, Marie et moi avec.
Je regarde ce qu’il se passe autour de moi:
- Marie est à terre mais ne semble pas souffrir. Elle est consciente, énervée par le casque qu’elle n’arrive pas à enlever. Aucun de ses membres n’est coincé par la moto, pas de traces de sang, aucune de ses fringues n’a l’air percée.
- Rien pour moi non plus.
- La salade est répandue sur le sol.
- La voiture s’est arrêtée, vitre explosée, portière et aile défoncées, clignotant allumé (« merde », que je me dit). Le mec ne semble pas en colère, n’était pas au téléphone (« re-merde »), et est arrêté (pas besoin de mémoriser la plaque)
Je coupe le moteur, et me lamente 4 secondes sur ma moto encore cartonnée. Sauf que cette fois-ci elle ne risque pas de me rapporter de l’argent: voie de bus, le mec n’a pas fait de fautes…
Un attroupement de jeunes se produit rapidement. Personne ne semble énervé ou parti-pris, ni la foule, ni le conducteur. Marie me fourre un bonbon à la menthe dans la bouche. J’avais bu 2 gorgées de bières, mais c’est vrai que ça vaut peut-être mieux…
Un motard s’est arrêté, je ne l’avais pas vu, mais lui a tout vu: il se propose d’être témoin. Il assure que j’étais à la hauteur de la voiture quand elle a tournée. Très honnêtement, c’est gentils à lui mais j’en suis pas aussi certain… Il appel les pompiers, qui ne tarderont pas à venir.
On redresse la moto, des liquides coulent qui ne sont pas la sauce de la salade. Je vote pour de l’essence (on venait de faire le plein). Le témoin me dit que c’est du liquide de refroidissement. Je regarde ma belle meurtrie: le radiateur semble avoir un trou.
Exclu que je reparte avec…
Le mec qui m’aide à relever la moto me dit que la fourche à l’air vrillée. Je regarde, et je me dit que la dernière fois que j’avais cette impression Thomas l’a redressée à grand coup de latte dans la roue avant. Je demande au mec d’appuyer sur l’arrière de la moto, et je shoot dans la roue, qui finie par revenir dans l’axe 🙂 Sinon, dégâts habituels: cligno, cale-pied avant droit, poignée de frein, pot, rétro. Le guidon n’a pas l’air tordu (c’est un guidon de Hornet, aussi 🙂 )
Je demande à Marie d’appeler Paul pour qu’il m’envoie quelqu’un. C’est Gilles qui arrivera (« Cool! », que je me dirai au moment de le voir.)
Après avoir vérifier que tout le monde était vivant, que nos affaires n’étaient plus éparpillées (à part la salade, hein) (merci Marie d’avoir géré ça), on fait le constat.
Remplissage des informations (tiens, le mec et moi sommes à la même assurance… comment est-ce qu’ils gèrent ces cas-là?) , arrivée des pompiers (« j’ai juste un peu mal au genou« , « non j’ai pas envie d’aller à l’hosto » Je préférais aller à l’anniv de Paul qu’à l’hosto 😉 )
Je discute avec Gilles du proche futur de ma moto. Il a la tête plus froide que moi et se propose de la descendre jusqu’au garage moto pas loin d’ici, et de s’en occuper demain. (« Putain de bordel de merde, MERCI Gilles de faire ça pour moi! merci merci merci, merci encore! Tu m’ôte une sacrée épine du pied et bien des soucis de la tête. Merci… »)
De retour au constat, c’est le moment de faire le dessin et c’est là que ça se Sardaigne corse…
Le mec n’était pas d’accord avec moi: pour lui, il était engagé dans la voie de garage, pas pour moi. Un de ses pote s’en mêle, quelques gars de la foule aussi (« ah non! jusqu’ici c’était calme, j’ai pas envie que ça dégénère! »), et Gilles assure que les mecs de l’assurance n’en ont rien à secouer, du crobard. Le conducteur invoque les éclats de verre et la salade, qui indiquent, selon lui, l’endroit de l’impacte. Selon moi, on a cartonné, la voiture à continuer d’avancer, et éclates de verre et salade sont tombés après.
Après une bonne demi-heure de discussion, simili reconstitution et quelques croquis, on se met d’accord sur le dessin (avec marqué dessus « voie de bus » en très gros…). Je pense très sincèrement qu’il reflétait la réalité. On coche nos croix, signe et se sépare.
Très sincèrement, je n’étais pas plus stressé que ça. Emmerdé parce que je n’avais plus de moyen de transport, mais bizarrement assez serein: j’avais mal au genou mais sans plus; Marie n’avait rien ou presque (douleur au plexus due à son atterrissage sur mon épaule); on allait tout de même à la soirée de Paul; ma moto était en lieu sûr et Gilles allait s’en occuper un peu le lendemain; à part le radiateur et le cale-pied, ma moto n’avait pas grand chose, et au pire j’allais en être pour la moitié de ma poche; pas de longs déplacement prévus ces prochain jours, ou en tout cas rien d’infaisable sans moto; j’allais avoir les torts partagés mais vu ce que je paye d’assurance, c’était pas la mort.
Bref, anniv de Paul sans la salade de Marie, le lendemain mariage à Nîmes. Gilles m’y appel pour me dire que le garage où lequel la moto est déposée n’est pas agréé MACIF. Faudra la déplacer jusqu’à un garage Honda, pas loin de chez moi (ça tombe bien c’est tout en descente, pour y aller). Il doit pas être agréé MACIF non plus mais au moins il est Honda.
Retour le dimanche soir. Gilles passe me prendre à la sortie du train pour me rendre les clés et les papiers de la moto, et m’amène à cette dernière. Merci encore à lui, sinon je pense que ça aurait pris pas mal de temps avant que je la ramène d’où elle est 🙂
Je descend donc la moto devant un garage Honda sur le boulevard St Michel (45 min de poussage…), et comme j’ai mal au genou d’une manière qui m’inquiète, je vais à l’hosto qui n’est pas loin.
La rapidité légendaire des urgences est encore prouvée: je poireaute 1h avant qu’on me prenne en charge (ok, ok: je suis mauvaise langue: c’était pas si grave que ça, mais j’étais crevé et ça m’a soulé d’attendre), mais bonne nouvelle: je n’ai rien de casser, rien d’élongué, de tordu ou de déboité. Juste des contusions. Pas d’attèle (« Merde, une occasion loupée d’aller voir ma kiné… »), pas de radios, pas de médocs.
Je porte ce matin-même (en vélo, du coup) le constat à l’assurance. Ce qu’il y a de bien avec la MACIF, c’est que quand on apport un constat ils font le bilan directe.
Le gars regarde le constat. A ce moment il faut la boucler, et si vous ne le faite pas, le mec vous le demande; le constat doit parler de lui-même. Il me demande quelques renseignements, tapote sur son ordi, et me sort une feuille que je ne regarde pas immédiatement: cette feuille dit de combien je suis en tort. Je ne me fais pas d’illusions…
On papote un peu, je me résigne à lire la feuille:
Bla bla bla
Selon les éléments que vous nous avez fournis, votre responsabilité n’est pas engagée et vous serez indemnisé en totalité.
Bla bla bla dont je me fous éperdument, pour le coup…
Je le refais pour ceux qu’on pas entendus?
Selon les éléments que vous nous avez fournis, votre responsabilité n’est pas engagée et vous serez indemnisé en totalité.
J’explose intérieurement de joie, n’en croit pas mes yeux. Pas 100%, pas 50, mais 0% (zéro, wallou, nada, zero, taillefine) ! Le mec me dit que rouler dans la voie de bus et toléré et n’est pas pénalement répréhensible…
Pour l’anecdote, la dernière fois que j’ai cartonné dans une voie de bus, le mec était au téléphone et il y a eu 50/50…
Je me retiens d’hurler ma joie. Ma bécane allait vraisemblablement encore me rapporter de l’argent.
Pour peu qu’elle soit économiquement réparable 🙂
Je me demande encore pourquoi 0%. J’ai appelé le témoin pour lui faire part du résultat, et selon lui c’est normal: j’étais à la hauteur du mec, qui n’a pas contrôlé son angle mort.
Moi j’en connais un qui va être très énervé quand il va donner son constat à l’assurance 🙂