Temps gris, temps pourri, les anges se sont barrés, les fleurs sont fanées.
Je n’aime pas la pluie qui tombe dans la forêt.
Peut-être est-ce réel, peut-être n’est-ce pas que mon état d’esprit…
Le blog sensitif – hautement inflammable
Temps gris, temps pourri, les anges se sont barrés, les fleurs sont fanées.
Je n’aime pas la pluie qui tombe dans la forêt.
Peut-être est-ce réel, peut-être n’est-ce pas que mon état d’esprit…
Me suis réveillé ce matin, il faisait beau, le ciel était rose, les anges chantaient, il y avait des fleurs partout, ma vie était moins chiante, je me sentais moins vide, je souriais, je me sentais plein d’énergie, ça ne me faisait même pas chier de me lever.
Peut-être est-ce réel, peut-être est-ce mon état d’esprit 🙂
Ou que ça soit parce que le mal est plus profond: sentiment que la vraie vie n’est pas ici (comment ça je me répète?)
Oui j’y retombe; PVT, je crie ton nom. Sauf que cette fois c’est plus dur: j’ai un peu plus de raisons qu’avant de rester là où je suis.
Mais l’envie est là.
D’un autre côté, c’est pervers: on est presque obligé de se sentir bien. Du coup ça fait du stress. Autant avant je m’en cognais d’aller bosser, autant maintenant j’ai des appréhensions.
Mauvais, ça…
Quand on vit un week-ends comme j’ai vécu le dernier, surtout samedi, hé bien le lundi on n’a pas envie de bosser.
A moins que ça soit quand on s’est couché à 4h du mat’.
Quelle est la réalité de mes liens avec les gens? Est-ce qu’ils disparaissent (les liens) quand je ne vois pas les gens? Est-ce qu’ils changent radicalement de nature? Est-ce qu’ils vivent et changent par eux-même?
-Viens là, dooooouuuuuucement…
– Ah mais fous-lui la paix, à cette bête!
– Rhhhaaa, laisse-moi faire.
– Oui mais là tu la soule, tu ne vois pas? Elle est planquée, et tu viens la faire chier.
– Mais non, elle fait son cinéma. Je sais qu’elle aime bien la compagnie.
– Ouais, mais pas tout le temps, tu vois pas? Mais…. FOUS-LUI LA PAIX! Tu vois pas la tête qu’elle fait?
– Mais elle fait pas une tête bizarre, là. Et puis je ne fais rien, je veux juste la caresser.
– Oui mais là il me semble que même la caresser est exclu. Je la connais bien: quand elle est comme ça il vaut mieux le foutre la paix.
– Aaaahhhh…. Mmmppppfff … Aaaahhhh! Voaaaaalà! Tu vois? Elle ne m’a pas mordu ni rien.
– Oui, et de toutes façon elle ne le fait jamais. Mais je sais qu’elle n’apprécie pas et que là elle avait envie qu’on lui foute la paix. Tu vas lui plomber le moral, avec tes conneries, et c’est pas ça qui va l’aider.
– L’aider quoi l’aider? Moral de quoi??? Pouarf! Elle a grave le moral! Elle va très bien! Regarde-là: elle a l’air d’avoir besoin d’aide? Non. Elle a même l’air plutôt contente que je la prenne. Hein petite bestiole? Tu raconte que des conneries: cette bête aime la compagnie, pas la solitude.
– Pfff… balibillevesées. Je sais ce que je dis, je la connais mieux que toi… Mébon, démerde-toi. Moi pour ce que j’en dis… Mais un jour elle va se barrer et tu ne la verras plus et tu te demanderas pourquoi.
– Ouais ouais c’est ça…
Quatre jours que j’ai repris le boulot, et je dois tout réapprendre: utiliser un Mac (p***** de clavier), les us et coutumes de la boîte, l’environnement professionnel dans lequel j’évolue et … à tout simplement travailler.
Essayer de ne pas avoir la tête satellisée.
Malheureusement je m’y fais, j’attéri, et je perds petit à petit cette joie de vivre. Dire que la semaine dernière j’étais dans je ne sais quel parc national de l’autre côté de l’atlantique à sans doutes me demander où j’allais dormir ce soir…
Beaucoup de changements en peu de temps… Je me sens hors de moi. En plus un de mes ordis s’est amusé à violemment planté, hier soir…
Envie de calme et de me poser… Symptôme: j’étouffe physiquement.
J’ai l’impression qu’on m’a fourré du coton dans le ciboulot…
Ce que j’aime, dans cette boîte, c’est l’ambiance et la liberté qu’on y a. Ce qui me sauvera peut-être est le fait qu’il y ait des terrasses où on peut respirer de l’air et sentir le vent, même si c’est l’air de Paris.
Mais je sens une immense pression invisible (que je me met moi-même?)
Après un dimanche chez Marie puis chez Mouna, à raconter mon voyage, première journée dans ma nouvelle boîte.
Je ne sais pas trop si je suis psychologiquement présent sur Terre, mais disons que oui; j’y vais zen, presque plein d’espoirs.
Mon arrivée se passe plutôt bien, et on me donne presqu’immédiatement mon MacBook Pro (Yeah!)
Je passe ma journée à jouer/me battre avec, et malgré l’excellente ambiance qui règne dans cette boîte, une triste évidence me traverse l’esprit un peu trop souvent: je n’ai rien, mais alors rien à foutre ici.
Ambiance: boulevard des champs Elysée, boîte d’informatique, j’ai un Mac dans les mains, on m’apprend l’infrastructure réseau de la boîte, les choses à savoir, les logins/password des applis que je vais utiliser. Et mon ‘parrain’ est plutôt calé en gestion d’identité, celui en face de moi en .net. Ils sont tous les deux sous Windows. Tout ceux autour de moi parlent interfaces, applications, LOB, argent, planning, partenaires et client, et moi, moi, je me dis que j’ai rien, mais alors VRAIMENT RIEN à foutre ici. Non décidément l’évidence est là: je ne suis pas à ça, je ne suis pas là. Mon bonheur n’est pas là. Rends-toi à l’évidence, mon garçon, ce n’est pas ce que tu aime.
Non, non, non… Il y a une semaine tu te sentais entier, là tu te sens désincarné. Nan, sérieux, y a pas à chier, c’est pas ça. Pas ça du tout du tout. Non non non, MacBook ou pas, te battre avec des problèmes de connections de Thunderbird en IMAP sur Gmail n’est vraiment pas ton but dans l’existence.
Wopa, je me remémore une des dernières scène de « L’auberge espagnol », celle où Romain Duris, revenant d’Espagne, se retrouve au ministère des finances. Nan mais honnêtement, hein, sans trop forcer je peux dire que ce n’est pas ça qui me rend heureux.
La journée se passe, verre avec Hichem et Marie (ma chère Marie…) le soir. Je suis à moitié absent. Je pense PVT, grand espaces, grands voyages, autre vie. Je pense à qui je pense, qui m’a vraiment manqué, à qui est et a été là à mon retour et tout ce temps.
Je suis dans un état d’esprit où peu de choses me touchent, où les choses qui ordinairement m’auraient sacrément blessées ne me font pas plus de mal que ça. Je regarde les choses froidement et fait tout aussi froidement les comptes. Le résultat est amère mais sans appels, et j’admets calmement cette douloureuse conclusion…
On ramène Marie chez elle (Marie Marie Marie…), Hichem me ramène chez lui pour que je reprenne Rebecca. Une fois chez Hichem, échange de SMS avec Régis. Ça enfonce le clou, renforce mes certitudes, me conforte dans mes conclusions d’autant plus facilement admises que je suis distant.
Un autre SMS, pas de Régis, vient comme une cerise sur le gâteau: oui, hein, y a du tri à faire…
Je ramène Rebecca à la maison. Après 3 semaines d’un 4 cylindres automatique avec 2 roues de trop, je redécouvre les joies de la bécane 🙂
Et ce soir, tapage de billet avec mon Mac (indéniablement plus confortable qu’un Nux ou un Doz)
Je me sens comme un papillon qui volait tranquillou dans un champs sans vent et qui se retrouve petit à petit en pleine mer en pleine tempête.
Ou imaginez que vous êtes tranquille le chat en train de vous balader dans une prairie, il fait beau et le soleil brille, vous regardez les pâquerettes pousser et l’herbe chlorophyler, puis vous vous approchez de la falaise où en bas se trouve des ronces. Du vent monte du bas vers le haut de la falaise. Dimanche j’étais dans la prairie. Ce matin je courais vers la falaise pour m’y élancer, je passais du calme plat plein de sérénité à une prévisible bataille avec le vent et tout un tas de conneries qui pourrait m’arriver. En sautant, le vent siffle à mes oreilles, tout ce que j’avais laissé revient m’emmerder, tout ce qui est chiant reprend sa place dans ma vie, petit à petit sans que je demande rien. Je passe de l’œil du cyclone à des vents de 400km/h, du calme plat à un déferlement de malheurs et de destructions qu’il va falloir que je gère. Je passe de la terre ferme à des marais puants.
Et pourtant je sais où est la sortie. Et pourtant je sais comment faire.
Et je suis dans un état parfaitement indescriptible.
Le retour à Paris s’est bien passé, il a été assez rapide (à coup de bouquins, le temps passe vite)
J’ai rendu la voiture crade comme elle était
Un aperçu de mon coffre, tout de même:
Le plus dur a été le trajet entre la station de métro et chez moi: j’avais (et j’ai toujours) l’impression d’être dans un mauvais et glauque rêve: rien n’a changé alors que moi oui, j’ai l’impression de retourner m’empêtrer dans de la mélasse, je n’éprouve aucun bonheur à retrouver Paris ou mon appart’. Pas que ça m’angoisse mais ne me tente pas plus qu’un plat de nouille froide que je serai obligé de manger.
J’ai fait un bout de chemin, et je reviens à mon point de départ qui lui n’a pas changé. J’ai l’impression d’avoir fait tout ça pour rien, d’être revenu en arrière.
Merde, c’est pas en revenant en arrière qu’on avance, non?
Rober Sylverberg in « Voué aux ténèbres »
Départ pour Pointe-à-la-garde (ville qui n’a d’autre intérêt, pour le voyageur, que le château Bahia) le lendemain, depuis Percé. Au petit dèj’, à discuter, une Bruxelloise va vers là où je vais mais s’arrête avant, à Bonaventure (la ville, pas l’île).
Je lui propose donc de l’y emmener. Elle aussi fait un PVT, et épatant comme d’une part les gens peuvent vous remarquer sans que vous-même les remarquiez (elle m’avait vu à Sea Shack) et d’autre part vous pouvez raconter des choses vraiment profondes et intimes à des gens que vous ne connaissez absolument pas et n’avez quasiment aucune chance de revoir.
Je laisse la miss à sa destination, et pars vers Pointe-à-la-garde. En chemin je me fais un petit site classé par l’UNESCO: le parc naturel de Miguasha, qui a d’exceptionnel les fossiles qu’on y trouve. Deux heures de fascinante visite animée par une captivante naturaliste (tous les naturalistes l’étaient, de toute façon), et je repars vers Pointe-à-la-garde, 15 km plus loin.
Alors, le château Bahia est un château en bois style renaissance faite par un mec. Des ses propres mains, avec des potes et sa famille. Il est un peu pommé au milieu des bois, et sans être extraordinaire, il vaut le coup d’œil.
J’y retrouve comme convenu Elsa et Kelly, et leurs 3 compagnons de route.
Après bouffage, on entreprend de se mettre une mine en compagnie de deux jeunes québécois. Au menu: feu de bois sur la plage.
Le problème est que le bout de plage où l’on doit faire ledit feu est … inondé par la marée haute.
Pas démonté, avec Kelly nous partons à la recherche d’un accès vers la mer. Après avoir visité quelques chemins propriétaire, nous finissons par tomber, avec l’aide d’un québécois local, sur un accès publique bien connu des jeunes du coin.
De papotage en papotage, on se couche un peu avant 4h et il est question qu’Elsa et Kelly abandonnent ceux avec qui elles voyage pour me suivre.
Le lendemain matin la décision est prise: elles me suivent. Transbahutement de bagages et décollage pour … Montréal City. En route on recroise le parc du Bic. Elles veulent y faire une halte une nuit.
Rapide calcul: je ne suis pas si pressé, et il n’y a QUE 500km entre le Bic et Montréal, facilement faisable en une journée.
Adjugé vendu: je reste une nuit au Bic. Grimpette easy du Mont Champlain (et c’est la première fois depuis que je connais les filles que nous faisons une activité ensemble; autre que se mettre minable, s’entend) puis … chasse aux putain de moustiques de merde qui tentent de nous perturber pendant notre repas de pâtes aux pâtes al dente.
Débat du soir: moi, le lendemain, je vais à Montréal. Elles n’ont pas cet impératif mais ça leur simplifierait la vie de descendre avec moi. Parallèlement, il n’y a pas grande chose à faire entre ici et Montréal, du moins de ce côté du St Laurent. On se couche sans avoir tranché (mais avec deux bières dans le cornet pour moi).
Le lendemain matin, débat toujours pas tranché, mais elles n’ont plus rien à faire au Bic, donc elles embarquent et elles décideront en route quoi faire.
Deux heures de route plus tard, constat: à part une érablière (endroit où l’on fait le sirop d’érable) y a rien à visiter jusqu’à Montréal. Donc, bien que ça les fasse chier de se rendre à la métropole, elles vont y aller. Moi, perso, ça me fait plaisir de les avoir pour le voyage! Pas que j’avais peur de me faire chier, mais je les aime bien et j’ai pas envie de me séparer d’elles.
Arrivé dans la banlieue de Montréal, une grosse bestiole pas sympa pointe le bout de son museau: le cafard. Trafic, ville, monde, retour à la case départ, départ tout court… J’ai beau me répéter qu’il n’y a pas de destination mais qu’un chemin, ça me soûle: pas envie de finir l’aventure.
Je repense à Sea Shack, au château Bahia, aux campings que j’ai fait, aux choses que j’ai vu, au pays où je suis, à tout ce qu’il s’est passé pendant ces trois semaines qui sont passées comme un éclair, à la gentillesse des gens, aux voyageurs que j’ai rencontré, à mes deux PVTistes co-voiturières qui vont continuer leur périple, à la difficulté de raconter ce que j’ai vécu à ceux qui n’ont pas partagé mon histoire, et à ce que ce voyage a changé en moi…
My Buddha, ce que ça a changé en moi… Je suis senti entier comme rarement je me suis senti entier. Pourquoi? Je me suis senti à ma place bien que loin de « chez moi » et toujours en mouvement. Pourquoi? Pour une fois je n’étais pas à moitié à ce que je faisais, je n’en étais pas détaché. Pourquoi?
Je sens que je vais avoir la tête dans les nuages un certain temps et que des décisions radicales vont s’imposer…
Je dépose les deux filles pas loin de chez elles, avec la promesse qu’on va aller se boire un verre le soir-même.
Je rentre chez Seb et Crystelle. Puis on rejoint Elsa et Kelly pour boire un verre.
La situation est étrange: Montréal, synonyme d’arrivée/départ, donc de fin; Seb et Crystelle, synonymes de ma vie Française, et Elsa et Kelly, synonymes de mon voyage et de ma liberté. Tout ça se bouscule dans ma tête. Je souris bêtement en regardant les deux filles.
Fin du voyage… Tout ceci n’était-il qu’un rêve? « Non », me répond la présence d’Elsa et Kelly.
J’ai vraiment du mal à y croire…
On va boire ce verre, et je passe mon temps à … je ne sais pas quoi. Trier mes souvenirs dans ma mémoire? Regarder tout ces gens étrangers? Faire le lien entre ce que j’ai vécu et ce qui m’attend? Mais sourire, indéniablement.
Je commence à me dédoubler, à nouveau.
A la sortie du bar, je demande à Kelly si ce qu’on a vécu était bien réel. Elle me répond que oui, dans un grand sourire qui me rappel ces trois semaines et ce qui a changé en moi…
Là, ce soir, chez Seb et Crystelle, je me demande vraiment si tout ceci n’était pas un rêve…
Demain, rangement de ma fidèle Kia Spectra, foyer sur quatres roues de mes trois dernières semaines, et Tetris: va falloir que tout tienne dans mon sac à dos…
Décollage pour Paris à 17h, heure locale.