Riche

Entre les sessions de l’USI (et du coup les keynote de Joël de Rosnay et surtout de Daniel Cohen), et les expos de Kandinsky et Calder, j’ai le cerveau en chou-fleur qui pétille.

Impossible de tout résumer ici et maintenant, mais ça a des échos, soyez-en sûr !

Heures

« En décidant du moment auquel il faut manger, travailler, dormir et se lever, nous avons arrêté d’écouter nos sens et commencé à nous soumettre aux ordres de l’horloge. »

Nicolas Carr.

Cf par ici : http://www.internetactu.net/2009/01/23/nicolas-carr-est-ce-que-google-nous-rend-idiot/

A rapprocher de « Il y a ceux qui ont l’heure et ceux qui ont le temps », et bien sûr de « Les coloriés », d’Alexandre Jardin.

Par ailleurs, je me suis laissé dire que si on laissait le corps faire (sous-entendu : on se fait enfermer dans le noir complet pendant des semaines) le cerveau adopte un rythme de 48h.

Révélation de la nuit

Et voici les secrets de ma vie: la nuit n’est pas noire, elle est bleue, et c’est un bleu qu’on respire et qui fait vivre et qui gonfle les poumons et le cœur. Et mon four n’est pas noir, il est doré et c’est un or qui sent bon et qui se mange dans le pain et les brioches.

Michel Tournier, « Pierrot ou les secrets de la nuit ».

Elle est bleue, et d’un bleu charmant,
D’un bleu violet, la fumée
Que laisse échapper lentement
Ma cigarette parfumée ;
Et j’aime à voir, d’un faible essor,
Monter sa spirale indécise.
– Au contraire, celle qui sort
De mes lèvres est toujours grise.
Pourquoi pas bleue aussi ? Pourquoi ?
Qu’est devenu le bleu, poète ?
– Je sens que ce bleu reste en moi
Et ma rêverie en est faite.

Jules Lemaitre, « La Revue des Tabacs »

Et ouaip, y a des mots qui vous restent en tête pendant des années.

Anyway…

En rentrant chez moi, ce soir, une fois de plus seul, j’ai cogité. Ok ok, je rentre, je suis seul comme un peu trop souvent en ce moment.

D’un côté ça me gave, mais d’un autre quelque chose de cool me démange le cerveau; deux rencontres aidant j’ai acquis cette liberté et ce détachement, que je garde précieusement, et je sens que ça en découle.

So what? comme dirait le Jedi.

So je me suis dit que j’avais plein de trucs à faire, en rentrant chez moi. Mieux: je n’avais aucune obligation. Mieux: aucune obligation envers qui que ce soit.

Et d’un coup un nouveau chemin s’est ouvert à moi, comme quand on découvre une route au bout d’une impasse.

Alors, quel est donc cet étrange et agréable sentiment qui se terre derrière la solitude?

La solitude n’est pas noire ou grise, elle est bleue pour peu qu’on la regarde sous un autre angle, et sous cet angle elle s’appelle indépendance.

Emotif

Je suis, je le sais, un émotif (au sens Herrmann). Un communiquant, si vous voulez.

Je connais aux moins deux autres personnes qui le sont aussi.

Et c’est assez extraordinaire la communication que je peux avoir avec ces personnes, surtout avec l’une d’elle, en fait. C’est quasiment fusionnel: je sais ce qu’il se cache derrière chaque mot, chaque expression. Je connais chaque pensée, et je sais comment elles s’articulent dans leurs têtes, d’où elle vient et où elle va. Facile: je suis comme ça.

Et en fait c’est assez flippant. Un peu comme marcher au bord d’un tourbillon: on se retient de se laisser entraîner à trop en dire, à se sentir trop proche de la personne.

Flippant et épuisant. La lecture de Video Girl Aï, ou mater un épisode de Grey’s l’est tout autant et pour les mêmes raisons: c’est mon domaine, ma manière de penser. Je bois du petit lait mais c’est comme mettre du nitrométhane dans un moteur: ça le fait monter dans les tours, et ça l’épuise.

Je suis…

J’ai lu dans ‘Conversations avec Dieu’ que quand on dit ‘je suis’, on commence déjà à créer quelque chose dans l’univers.

Bref…

Étrangement je ne pense pas me définir par ce que j’aime et ce que je suis. Je veux dire par là que dire « j’aime ci ou ça, je suis comme si ou comme ça » ne me résume pas. Enfin… je ne crois pas que ces phrases me définissent bien.

Je crois que je me définis par ce que je pense et ce que je vis. Savoir comment je me vois et quels sont mes goûts n’est pas me connaître.

Je crois que je suis quelqu’un qui se vit…