Pour ne plus penser, pour calmer les pensées, pour m’isoler du monde (pour isoler le monde de moi).
Pour geler tout ce qui vole en moi, pour couper les ponts et pour éviter de tout envoyer voler. Pour m’étouffer, moi, plutôt qu’étouffer le monde. Pour calmer, pour TUER les attentes.
Pour. Faire. TAIRE ces voix qui ne me laissent jamais en paix, qui déchirent mon présent et ma présence.
déchirent mon esprit et l’éparpille aux quatre vents. En conséquences je ne suis plus là puisque je suis occupé à essayer de le rassembler.
A essayer de le rassembler parce que cela ouvre des abîmes noires en dessous de lui. Des abîmes sombres, silencieux, vides, probablement riches.
Des abîmes que je devrais explorer, n’est-ce pas ? Des abîmes dans lequel je devrais me plonger, n’est-ce pas ? Arrêter de croire qu’il n’est pas possible d’arrêter le temps et enfin m’y enfoncer, n’est-ce pas ?
Profiter, en fait, que mes démons se liguent pour m’écarteler au lieu de le faire à chaque fois séparément. Profiter pour enfin arrêter de les suivre et enfin explorer ce qu’il y a sous mes pieds.
Je suis perdu, éparpillé, perdu et sans but puisque les suivre tous à la fois, ces putains de démons que je prends pour des guides, est impossible.
Perdu, et je ne sais pas pourquoi mais ça ne me fait pas si peur. De toutes façons je n’ai pas la tête à avoir peur puisque je ne suis pas là.
Le temps s’est un peu arrêté en moi. Je me suis un peu arrêté en moi.
Je regarde le vide en moi. Je suis sur le bord et je regarde le vide en moi. Vous me parlez mais je veux que vous me foutiez la paix, parce que je regarde le vide en moi. Je vous donne ce que vous voulez mais foutez-moi la paix : je regarde le vide en moi.
Des chemins de traverse, zigzaguant, ne figurant sur aucune carte, en guise de routes. Des nappes de trance pour chants d’oiseaux. De couleurs, des formes, des liens pour paysage. Un temps instable pour horloge. La nuit le jour, le jour jusque tard dans la nuit, des sommeils courts et agités, peu peuplés de rêves.
Des culs-de-sac, des errements, des impasses, de la mélasse pour cheminement. Peu, distants et (pas si) provisoires sont les compagnons de voyage.
Du froid avec quelques rares explosions de chaleurs, du brouillard souvent, un temps clair rare et éphémère, ainsi est la météo.
J’ai en tête le rythme de certaines paroles de Fauve, que je finirai par trouver avant la fin de ce billet, je pense.
Des paroles qui dises tu es.
Parce que j’en ai un peu marre qu’on me dise qu’il faut que je choisisse ma voie, gna gna gna, y a que moi qui peux, gneu gneu gneu.
J’aimerais bien ne plus être moi, ou en tous cas le moi que je connais. Le moi peureux mollasson englué dans sa mélasse, perdu dans son brouillard dont les autres ne voient que les filaments qui s’étirent débilement. M’extraire de moi, me retourner et faire quelque chose de classe de cette pâte flasque. Un truc un peu sympa, qui brille tranquille mais pas trop, dont je sois un peu fier. Tu sais, un truc dont les meufs s’approchent et lui dise « allez viens je t’emmène, ça va être bien tu vas voir ». Un truc qui daube pas trop, pas trop chiant à traîner, un peu sympa à regarder, un peu intéressant à écouter.
Mais comme je peux pas m’extraire de moi, j’aimerais bien que quelqu’un me décrive les contours de cette pâte.
Et j’ai pas trouvé la chanson de Fauve que j’ai en tête…
Tracklist :
« De ceux », de Fauve, parce que je suis aussi de ceux.
Des engueulades, des enfers. De l’enfer qu’elle m’a fait vivre.
Des ailes qu’elle ma coupée. De l’enfer dans lequel elle m’a plongé. Dans lequel je l’ai laissé me plonger.
Des attaques malhonnêtes, gratuites, avilissantes, inqualifiables, destructrices, innommables.
Je me souviens que je l’ai aimé. Comment ai-je pu ? Comment ai-je pu à ce point me tromper ?
L’amour n’est-il qu’illusion, dupe, à ce point … leurre, chimère ? Douleur, au fond ?
Comment peut-on être aussi destructeur alors que l’on dit aimer ?
Comment être aussi con pour se laisser faire à ce point ?
Je me souviens… de ces phrases comme des tisons que je la laissais me planter. Des coups d’épée dans le dos, encore et encore. Des paroles comme de la lave brûlante sur la peau. Et je me laissais faire. Et je croyais bien faire…
Comment ai-je pu me laisser faire… Que vaux-je donc pour m’être laissé faire… pour m’être laissé détruire, rabaisser, enfermer, manipuler.
Comment ai-je pu confondre ceci avec de l’amour…
Je me souviens car j’en porte encore les cicatrices, et qu’elles brûlent encore…
Je sors de là où j’étais, je remets des idées en ordre. Je pose un pied devant l’autre sur du bitume. Je me déplace une petite planète appelée Terre. Je peste contre une décision qui me gonfle, contre le temps qui passe trop lentement, contre l’attente imposée. Contre moi qui donne trop de place à ce qui devrait prendre moins de place. Contre mon inflammabilité patente. Contre ma constitution de merde qui n’a pas encore, qui n’a toujours pas réussie à digérer ; qui a fait pousser des ronces et construit des ruines sur une catastrophe au lieu d’y faire un pont.