Des ruines, encore

Je rentre dans la très très familière période du « tout ceci a-t’il réellement existé ».

Si personne n’en parle, les souvenirs à deux ont-ils existé ? Tout ce que l’on ressent a-t’il existé s’il n’y a d’autres témoins que soi ? Aussi intenses qu’ils furent, ces moments ont-ils existé s’ils n’ont aucun écho dans le présent ?

Peut-on, au final, avoir vécu aussi intensément, avoir autant désiré (être avec) quelqu’un, qu’il se passe aussi peu de choses, et que le peu de choses soit autant passé sous silence ?

Je rentre dans Le Champs De Ruine de cette histoire : désert, silencieux, étouffant, aucune explication sur ce qu’il s’est passé, des souvenirs muets partout, aucun chemin, aucune route. Des souvenirs éparses dont la réalité est questionnable.

Et au centre de tout ça votre pauvre crétin de serviteur qui étouffe, qui aimerait s’arracher le cœur, qui aimerait que le temps efface tout ça très très vite, mais contraint de vivre avec ce poids en plus, ces souvenirs en plus, ces ruines en plus dont il est impossible de se défaire et qui colorent irrémédiablement tout en gris.

Tout.

Ne pas écrire est-ce déjà écrire ?

Écrire que je préférais ne pas écrire est-ce déjà écrire ? Écrire que je ne sais pas quoi écrire, que je ne sais pas si je dois écrire, écrire que je ne sais pas quoi dire, ni comment le dire, ni si je dois le dire, ni si je dois dire que je ne sais pas si je dois le dire. C’est écrire, tout ça, non ?

Tout ça c’est écrire, oui, et ça ne changera rien à ce qui va me dévaster. Et que je vais une fois de plus devoir traverser seul.

Car seul tu es, seul tu reste.

It burns

Ça brûle mais ça tient chaud. Ça brûle mais ça donne de l’énergie, ça me monte à la tête, ça me rend fou.

Comment trouver les mots pour décrire ça ? Il faudrait tous les empiler, les mélanger, les lire ensemble, les comprendre ensemble. Les écrire les uns sur les autres, mélanger les lettres.

Et ça ne rendrait de toutes façons pas ce que je ressens.

Ça me rend fou. Ça m’étouffe, ça me donne envie de pleurer tellement je me sens impuissant à tout contenir et tellement ça me brûle. Tellement tout est ridicule à côté. Tellement c’est faramineux.

Et plus j’essaie de le décrire plus … ça grandit, devient impossible à décrire, et me rend ridicule à côté. Et plus je sens qu’à un moment je vais réellement pleurer parce que je ne pourrai plus contenir ce feu, et ça va me faire mal quand ça va sortir.

Tracklist : « It burns », de Johnny Cash.

La prison de verre

Comment briser la prison de verre ? Celle dont tu ne connais pas la distance ni l’étendue ni la solidité. Tu sais qu’elle te donne l’illusion que tes actes portent, que tout est possible, que les gens te voient, que tout est à portée de main.

Celle qui te rend dingue parce tu vois tout mais que rien n’est atteignable : tout est à une distance inimaginable. Tout est à une distance émotionnelle inimaginable.

C’est le chaos à l’intérieur, et absolument rien n’en sort dans une direction quelconque. C’est un chaos insupportable, ça me rend dingue. Ça ne touche rien ni personne, ça ne fait absolument rien bouger, ça ne fait rien avancer, ça n’arrête même pas le temps !

Ça ne fait que me rendre d’une impuissance folle.

Et je doute qu’il en sorte une étoile qui danse.

Furieux

Furieux bien sûr furieux ! Couché furieux, levé furieux, journée furieux, soirée furieux. Voyons.

A constater que tu reste le même, voyons, ça sert à rien de t’énerver. Tu es où tu es et tu y resteras, tu peux être aussi furieux que tu le veux ça ne changera pas. Que voudrais-tu ? Le monde tourne et s’en cogne fondamentalement de toi.

Oh tu peux t’énerver, t’exciter, rien ne changera. Rien. Ils resteront à leurs place, elle restera à sa place. Tu resteras à la tienne, celle à laquelle tous te mettent, tu n’y échappera pas.

Tu peux essayer, essayer d’échapper à la réalité, c’est mort : le temps coule, la journée avance, les choses se meuvent, le soleil se couche, la soirée avance, tu vas aller te coucher et le sommeil va en effacer une bonne partie et demain… rien n’aura bougé, ça aura glissé entre tes doigts sans que tu puisse y faire quoi que ce soit.

Oh tu peux boire pour abréger cette journée, t’évader de toi-même quelques heures. Tu souffriras moins, quelques heures. Tu n’auras rien volé du tout, rien changé du tout.

Voyons mec, pourquoi voudrais-tu que cela change ? Oh tu peux hurler, pleurer, les pièces vont se déplacer, un peu, et revenir à leurs places assez vite. Quelle que soit l’énergie que tu y mettras.

Tu peux bien être furieux, tout le monde s’en fout, et tu le sais ! La réalité s’en fout, les gens s’en foutent, le temps s’en fout, ton métabolisme s’en fout. Hurle ce que tu veux, furie ce que tu veux, ça n’aura aucun impact et tout le monde s’en cogne.

Ce que ça va t’apporter c’est te mettre hors de toi et tu vas voir l’étendue de ton désert, l’immensité de ton impuissance, l’infini cycle de tes errements, l’épaisseur du silence qui te ceint, le néant de ton influence.

Tu te fais du mal, ferme ta gueule, bois, monte le son, et vas te coucher.

T’en as rien à foutre

T’en as rien à foutre, de moi, n’est-ce pas ? Comme tous les autres.

Pourquoi je t’écris, alors (que tu ne réponds pas) ?

T’en as rien à foutre, car comme tous les autres tu pense que je vais très bien me démerder seul car je l’ai toujours fait. Mais au fond vous n’en avez rien à foutre, n’est-ce pas ? Vous êtes tous loin, vous me regardez de loin, vous me parlez de loin mais vous ne venez jamais me voir. Jamais. Et si c’est pas moi qui appel personne ne le fait.

Encore moins toi.

T’en as rien à foutre, avoue.

Avouez que je vous fais marrer mais vous n’en avez rien à carrer de moi. Là ou pas là votre vie continuerait, vous n’en auriez toujours autant rien. à. foutre.

Avouez que ça vous arrange que ça soit moi qui aille toujours vers vous, puisque vous ne venez jamais vers moi.

Pas un qui me prenne entre quatre yeux pour me demander comment ça va, et m’écoute. Puisque c’est toujours moi qui le fais.

T’en as rien à foutre, vous n’en avez rien à foutre.

Les démons se déchaînent,

déchirent mon esprit et l’éparpille aux quatre vents. En conséquences je ne suis plus là puisque je suis occupé à essayer de le rassembler.

A essayer de le rassembler parce que cela ouvre des abîmes noires en dessous de lui. Des abîmes sombres, silencieux, vides, probablement riches.

Des abîmes que je devrais explorer, n’est-ce pas ? Des abîmes dans lequel je devrais me plonger, n’est-ce pas ? Arrêter de croire qu’il n’est pas possible d’arrêter le temps et enfin m’y enfoncer, n’est-ce pas ?

Profiter, en fait, que mes démons se liguent pour m’écarteler au lieu de le faire à chaque fois séparément. Profiter pour enfin arrêter de les suivre et enfin explorer ce qu’il y a sous mes pieds.

Je suis perdu, éparpillé, perdu et sans but puisque les suivre tous à la fois, ces putains de démons que je prends pour des guides, est impossible.

Perdu, et je ne sais pas pourquoi mais ça ne me fait pas si peur. De toutes façons je n’ai pas la tête à avoir peur puisque je ne suis pas là.

Le temps s’est un peu arrêté en moi. Je me suis un peu arrêté en moi.

Je regarde le vide en moi. Je suis sur le bord et je regarde le vide en moi. Vous me parlez mais je veux que vous me foutiez la paix, parce que je regarde le vide en moi. Je vous donne ce que vous voulez mais foutez-moi la paix : je regarde le vide en moi.

My Kingdom

De la solitude pour atmosphère.

Des chemins de traverse, zigzaguant, ne figurant sur aucune carte, en guise de routes. Des nappes de trance pour chants d’oiseaux. De couleurs, des formes, des liens pour paysage. Un temps instable pour horloge. La nuit le jour, le jour jusque tard dans la nuit, des sommeils courts et agités, peu peuplés de rêves.

Des culs-de-sac, des errements, des impasses, de la mélasse pour cheminement. Peu, distants et (pas si) provisoires sont les compagnons de voyage.

Du froid avec quelques rares explosions de chaleurs, du brouillard souvent, un temps clair rare et éphémère, ainsi est la météo.