Aphorisme de ce matin sous ma douche

Je prenais ma douche, et j’entendais les « Boum. BoumBoum » de « Complicated » d’Avril Lavigne. Ca m’a fait penser à la fonction Equalizer des baladeurs mp3, puis à celle de mon baladeur à moi (elle s’appelle DNSe, sur mon baladeur) puis à ce que m’a dit le copain de Léna (« Ca sert à rien. Il vaut mieux écouter le son tel qu’il est ») puis au texte accompagnant cette fonction sur mon baladeur (un beau texte commercial vantant les mérites du DNSe), puis cette phrase s’est formée dans ma tête:

Le discours commercial, c’est comme de la vaseline: ça serait tout de même passé, mais ça fait moins mal.

Et j’ai explosé de rire tout seul comme un con, parce que c’est tout de même pas mal vrai 🙂

Jeune

Spéciale dédicace à une personne qui se reconnaîtra 😉

Être jeune (texte de Samuel Ullman)

La jeunesse n’est pas une période de la vie,
Elle est un état d’esprit, un effet de la volonté,
Une qualité de l’imagination,
Une intensité émotive,
Une victoire du courage sur la timidité,
Du goût de l’aventure sur l’amour du confort.
On ne devient pas vieux pour avoir vécu un certain nombre d’années :
On devient vieux parce qu’on a déserté son idéal.
Les années rident la peau ; renoncer à son idéal ride l’âme.
Les préoccupations, les doutes, les craintes et les désespoirs
Sont les ennemis qui, lentement, nous font pencher vers la terre,
Et devenir poussière avant la mort.
Jeune est celui qui s’étonne et s’émerveille.
Il demande, comme l’enfant insatiable : Et après ?
Il défie les événements et trouve de la joie au jeu de la vie.
Vous êtes aussi jeune que votre foi.
Aussi vieux que votre doute.
Aussi jeune que votre confiance en vous-même.
Aussi jeune que votre espoir.
Aussi vieux que votre abattement.
Vous resterez jeune tant que vous resterez réceptif.
Réceptif à ce qui est beau, bon et grand.
Réceptif aux messages de la nature, de l’homme et de l’infini.
Si un jour, votre coeur est mordu par le pessimisme et rongé par le cynisme,
Puisse Dieu avoir pitié de votre âme de vieillard.

Tuer

(Tiré de ‘Les enfants de l’esprit’, d’Orson Scott Card, que j’ai terminé hier soir)
Contexte: Jane, anciennement ordinateur assez balèze et assez spécial (elle peut, entre autres et dans une certaine mesure, savoir ce qu’il se passe dans la tête des gens), vient d’intégrer le corps d’une personne vivante. Je vous passe les détails, hein. Dit comme ça c’est con, mais dans le bouquin l’idée est assez géniale. Et donc Jane, aussi puissante ordinateur qu’elle était, n’a pas l’habitude des émotions et des sentiments. Elle vient d’avoir une discussion plus que tendue avec Quara, personnage qui a un (sale) caractère assez fort, qui s’emporte facilement et a le don de provoquer tout le monde. Fatalement, comme elle (Jane) ne sait pas gérer ses émotions elle s’est emportée. Au moment où se passe la scène, elle a pété un plomb et est partie se réfugier dans une autre pièce. Son ‘amoureux’, Miro, va la voir. »

Ça a dû être difficile pour toi de couper court à la dispute et de te réfugier ici, dit Miro.
– J’ai eu envie de la tuer. » La voix de Jane était à peine audible à cause des sanglots et des spasmes qui la secouaient. « Je n’avais jamais ressenti cela. J’ai eu envie de bondir de mon siège pour lui voler dans les plumes et lui donner une correction.
– Bienvenue au club.
– Tu ne comprends pas. J’ai vraiment eu envie de le faire. J’ai senti mes muscles se nouer, j’étais prête à le faire. Sur le point de le faire.
– Comme je viens de te le dire, Quara provoque souvent ce genre de sentiment chez nous.
– Non, pas de cette façon. Vous arrivez tous à rester calmes. A garder le contrôle.
– Toi aussi tu y arriveras, lorsque tu seras habituées. »
Jane redressa la tête, la secoua. Ses cheveux fouettèrent l’air. « C’est vraiment ce que tu ressens toi aussi?
– C’est ce que nous ressentons tous. C’est pour cela que nous avons une enfance – pour apprendre à dominer nos pulsions violentes. Mais elles sont en nous tous. Même les chimpanzés et les babouins ressentent cela. Nous les affichons. Nous éprouvons le besoin d’exprimer physiquement notre rage.
– Mais vous vous retenez.Vous gardez votre calme.Vous la laissez cracher sa bile et dire ces terribles…
– Parce qu’il ne servirait à rien de l’en empêcher. Elle en paie le prix. Elle est désespérément seule et personne n’ai envie de partager sa compagnie.
– Ce qui explique qu’elle soit encore en vie.
– Exactement. C’est ainsi que se comportent les personnes civilisées – elles évitent toute circonstance qui risquerait de les faire sortir de leurs gonds. Et si cela s’avère impossible, elles prennent du recul. C’est l’attitude que nous adoptions, Ela et moi. Les provocations de Quara nous passent au-dessus de la tête.
– Moi je n’y arrive pas. C’était si simple avant que je ressente cela. Je n’avais qu’à me déconnecter d’elle.
– C’est exactement ça. C’est ainsi que nous faisons. Nous nous déconnectons d’elle.
– C’est plus compliqué que je ne le pensais. Je ne sais pas si je pourrai y arriver.
– Eh bien pour le moment, tu n’as pas vraiment le choix.
– Miro, je suis désolée. Je ai toujours eu pitié de vous autres humains parce que vous ne pouviez penser qu’à une chose à la fois et parce que vos souvenirs sont flous… et maintenant je comprends que passer une journée sans avoir tué quelqu’un est en soi un véritable exploit.
– Ça devient vite une habitude. La plupart d’entre nous arrivent à limiter les dégâts. C’est une manière de vivre en bon voisinage.

Comme quoi les bouquins de SF peuvent avoir de la finesse 🙂

Choose your future

Redécouvert ça, ce matin:

Choose life. Choose a job. Choose a career. Choose a family. Choose a fucking big television, Choose washing machines, cars, compact disc players, and electrical tin openers. Choose good health, low cholesterol and dental insurance. Choose fixed- interest mortgage repayments. Choose a starter home. Choose your friends. Choose leisure wear and matching luggage. Choose a three piece suite on hire purchase in a range of fucking fabrics. Choose DIY and wondering who you are on a Sunday morning. Choose sitting on that couch watching mind-numbing sprit- crushing game shows, stuffing fucking junk food into your mouth. Choose rotting away at the end of it all, pishing you last in a miserable home, nothing more than an embarrassment to the selfish, fucked-up brats you have spawned to replace yourself. Choose your future. Choose life… But why would I want to do a thing like that?

I chose not to choose life: I chose something else. And the reasons? There are no reasons.

Tiré de Trainspotting, de Dany Boyle

C'est bien vrai, ça…

Pas grand chose à rajouter:

Et je ne manque jamais d’éprouver un certain plaisir quand je m’approche des présentoirs de livres dans un terminal d’aéroport, même si je dispose de cinq minutes seulement pour changer d’avion, et que j’ai déjà plus de livres de poche que je ne peux en emporter. À O’Hare hier, j’ai acheté Les Onze Mille Verges d’Apollinaire, une oeuvre surréaliste de pornographie, et j’ai lu la vie pitoyable de ce pauvre bougre tandis que j’attendais mon avion. Alors cela m’est apparu avec une grande clarté : ma préoccupation et la préoccupation de tous les écrivains : refuser de faire partie de la vie de tous les jours, se tenir à l’écart, même si cela exige une attitude de brutalité ou de nihilisme. Il ne faut pas nous laisser absorber. Il y a une relation extrêmement simple entre l’esprit et son milieu ambiant. Le milieu ambiant nous entraîne tel un fleuve au cours impétueux, et l’esprit fonctionne comme un petit moteur qui peut emmener le bateau à contre-courant – ou au moins lui permettre de rester au même endroit. Lorsque le moteur marche, l’homme est fondamentalement sain. Si le moteur s’arrête, l’homme ne vaut guère mieux que du bois flotté.

Colin Wilson, Le dieu du labyrinthe, « Les belles lettres », p.12, trad. François Truchaud.

Merci Swâmi!