C'est bien vrai, ça…

Pas grand chose à rajouter:

Et je ne manque jamais d’éprouver un certain plaisir quand je m’approche des présentoirs de livres dans un terminal d’aéroport, même si je dispose de cinq minutes seulement pour changer d’avion, et que j’ai déjà plus de livres de poche que je ne peux en emporter. À O’Hare hier, j’ai acheté Les Onze Mille Verges d’Apollinaire, une oeuvre surréaliste de pornographie, et j’ai lu la vie pitoyable de ce pauvre bougre tandis que j’attendais mon avion. Alors cela m’est apparu avec une grande clarté : ma préoccupation et la préoccupation de tous les écrivains : refuser de faire partie de la vie de tous les jours, se tenir à l’écart, même si cela exige une attitude de brutalité ou de nihilisme. Il ne faut pas nous laisser absorber. Il y a une relation extrêmement simple entre l’esprit et son milieu ambiant. Le milieu ambiant nous entraîne tel un fleuve au cours impétueux, et l’esprit fonctionne comme un petit moteur qui peut emmener le bateau à contre-courant – ou au moins lui permettre de rester au même endroit. Lorsque le moteur marche, l’homme est fondamentalement sain. Si le moteur s’arrête, l’homme ne vaut guère mieux que du bois flotté.

Colin Wilson, Le dieu du labyrinthe, « Les belles lettres », p.12, trad. François Truchaud.

Merci Swâmi!

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