C’est la compagnie avec laquelle je pars au Canada samedi midi.
Aller-retour Paris-Montréal, rien réservé sur place, avec juste le matériel pour camper, et une location de voiture qui m’y attends.
J’attends ce séjour avec une impatience qui défi l’imagination, mais avec une peur presque aussi grande: y aller seul veut dire seul dans les galères.
C’est un pays qui parle français (enfin français… 😉 ), c’est un pays civilisé, ce n’est pas un pays comme j’ai l’habitude d’en visiter. Je pourrais y aller comme je pars en week-end, après-tout: je connais deux personnes sur place qui pourraient me porter assistance en cas de besoin.
Mais non: je stress comme un dingue.
Cool, le lapin…
Selon ma précieuse check-list, j’ai (presque) tout ce qu’il faut. Sauf… la préparation.
Acheté parka rouge vif en gore-tex, taxé un duvet de combat, acheté divers trucs, photocopié les papiers, fait les vaccins, choper les médocs, pas encore donné les clés au voisin.
Je suis fin prêt pour le Kirghistan 🙂
Par contre, je ne sais absolument pas si j’aurai un accès au net, là-bas, donc il se peut que vous n’ayez pas de nouvelles de moi pendant 15 jours 🙂
Arrivée à Vegas, il a fallut ranger notre maison voiture: à vivre une semaine dedans avec, c’était devenu un sacré bordel!
On a fait la traditionnelle photo Usual Suspect, même si c’est plus rigolo quand on revient de trek 🙂
L’hôtel dans lequel nous étions la 1ère nuit est le Stratosphere.
Celui-là, il est pas difficile à repérer: c’est le plus haut hôtel du coin: 364m de haut!
Les chambres ne sont pas en haut (ça aurait été trop beau…) mais au pied. En haut il y a un resto, un bar, et 3 attractions histoire de se retourner le bide 🙂 (allez faire un tour sur le site de l’hôtel, pour voir)
Et le soir on est allé arpenter les casinos…
Et fatalement, quelle est le sport national à Vegas, à part faire le tour des casinos?
Les slots machines!
En fait on compte en crédit, et la différence entre les slots machines se fait sur le prix du crédit.
Les crédits vont de 1 centime à quelque chose comme 10$, en passant par 5 centimes, 25 centimes, 1$ et 5$. Ce qui veut dire qu’à chaque fois que vous jouez un crédit, vous misez cette somme.
Évidemment, petits crédits petits risques mais petits gains…
J’ai joué aux machines à 25c (pas fou, le gamin!) et au bout de 3 billets de 1$ englouti, j’ai mis 5$.
Après quelques coups, bingo! Enfin non, pas bingo, mais pof, 30$!
Suivant les machines, l’argent est rendu en ticket, qu’on va échanger à la caisse, ou en jetons, ou en pièces de 10c (qu’on va aussi changer à la caisse, parce que ça fait lourd, sinon)
Je me suis arrêté de jouer, et j’ai payé ma tournée de bière 🙂
Le lendemain matin, petit tour aux attractions en haut de notre hôtel pour tester le Big Shot: la tour est surmontée d’une antenne, et autour de cette antenne se trouvent des nacelles… On prend place dans les nacelles, et d’un coup on se retrouve à faire l’ascenseur autour de l’antenne, à plus de 360m d’altitude!
Il était temps pour les autres de prendre l’avion puisqu’en bon boulet que je suis, je me suis planté dans le billet d’avion de retour de Vegas: j’ai pris un retour un jours plus tard que les autres.
J’avais une nuit de plus à Vegas 🙂
Non, je ne me suis pas payé un somptueux hôtel (les chambres sont vers 200 ou 300$ le w-e) mais une auberge de jeunesse (avec piscine, faut pas déconner 🙂 )
Les autres sont donc partis, et je suis allé investir mon nouveau logement.
J’ai passé l’après-midi à glandouiller au bord de la piscine (que j’ai pas amené mon maillot de bain pour rien, tout de même) et le soir j’ai visité le quartier, et les hôtels du Strip que je n’avais pas encore vu.
Pas loin de ma rue, le soir, voilà ce qu’on pouvait voir en levant le nez:
Une partie de la rue était couverte d’un toit qui, toute les heures, s’animait!
J’ai continué à jouer un peu aux slots machines, et … j’ai bien fait de m’arrêter ce soir-là…
J’avais mis 1$, et pof! Bingo! 20$! (en pièces de 10c, cette fois 🙂 ) Ca allait me payer le repas de ce soir, tiens. Et comme on dit: heureux au jeu, heureux au jeu!
Je continue à jouer: 5$ de perdu…
Je mets un billet de 10 en me disant que je vais pas perdre 5$ comme ça, tout de même… Hé bien j’ai mis plus d’un heure 1/2 à récupérer mes 5$… Signe qu’il est grand temps de s’arrêter de jouer…
Direction le Strip. Je suis remonté au haut du Stratosphere de nuit pour y prendre une petite photo:
Et petit tour dans le Strip: Circus-circus, Mirage, et Venetian, dans lequel j’ai scotché…
Le Venetian avait une salle de poker toute neuve. Je suis allé jeter un œil et une table était entourée d’un cordon. Deux personnes jouaient à cette table, plus le banquier: une jeune asiatique, très jolie, très classe, très friquée, et un jeune, genre anglais qui paye pas de mine, il m’a fait pensé à un Beatles. Les deux avaient un casque dans les oreilles (tous deux avaient un ipod nano), un air très très concentré, et l’anglais avait de belles piles de jetons devant lui. L’asiatique bien moins.
C’était du Hold’em Poker (ne me demandez pas les règles…) et comme ça m’avait l’air sérieux, cette histoire, j’ai jetté un oeil à la valeur des jetons.
Tu m’étonne…
Les jetons qu’ils balançaient négligemment sur la table, là, étaient des jetons de 1000$ (ouaip, un un suivit de trois zéros)
Je vous laisse imaginez ce qu’on peut faire avec un seul de ces jetons…
Moi j’étais sur le cul, et j’ai scotché un moment. Je ne comprenais rien aux règles, mais ça me fascinait des les voir jouer tant de thune.
Voyant la bonne pile de l’anglais, je me suis amusé à compter ses jetons. Heureusement, ils les avaient ordonnés, ce ne fut donc pas trop difficile: 2 rangés de 8 colonnes de 23 jetons de 1000$, plus quelques uns pas empilés.
Ne sortez pas la caltoche, ça fait 368000$
Le gars qui paye pas de mine avait donc devant lui plus de 368000$. J’avais sous les yeux 368000$ en jetons de casino. Et le gars balançait ses jetons comme ça, là, sur la table…
Je me suis un peu renseigné, et en fait c’était un tournois de poker sur 3 jours entre Liz Lieu et Erik Sagstrom. 600000$ de gains. Ce samedi était le deuxième jours.
Je fais les présentations?
Liz Lieu, Vietnamienne née en 74 et fait apparemment partie d’une boîte ou d’un équipe appelée martin’s poker, ceux-là même qui parrainaient le tournois.
Erik Sagstrom, Suédois né en 83, une pointure du jeu en ligne. Ouaip, 23 ans, le gamin…
Désolé, mais je n’ai pas pu prendre de photos (c’est pas très bien vu, au table de poker…) mais vous pouvez en voir ici
Et puis retour à mon auberge et le lendemain décollage pour Chicago.
Je ne sais pas si je vais raconter Chicago, c’était moins intense, ça m’a reposé un peu, mais j’ai vu plein de jolies choses 🙂
Zion était la dernière étape de notre voyage. Ce parc se situe pas très loin de Vegas, ce qui en fait une destination assez prisée des touristes, d’autant qu’il est gigantesque, et qu’il y a plein de balade et sports à faire.
On y est arrivé assez tôt dans la journée, ce qui nous a laissé le temps de faire une ou deux balades et de se rendre compte que d’une part c’est vraiment splendide et d’autre part que c’est vraiment grand!
Zion n’étant situé qu’à 3h de route de Vegas (hé oui, la fin du voyage n’est pas loin), l’été il y a beaucoup de circulation. Ils ont donc mis en place un système de navette gratuite dans le parc pour éviter les bouchons et la pollution: au delà d’un certain point, les voitures sont interdites!
Le lendemain, levé tôt pour une des balades les plus flippante que j’ai fait: Angel’s Landing
Et ça c’est la dernière montée!
La dernière montée est juste « sécurisée » par une chaîne que l’on tiens. Un pas ou deux de travers, et on va dire bonjour au sol, très en bas…
Je n’ai pas de photos de la montée en elle-même, mais croyez-moi, personne ne faisait le malin (car qui fait le malin tombe dans le ravin)
Mais une fois en haut, les amis… Je vous raconte pas la vue…
Ah oui, j’allais oublié…
Une fois notre petite grimpette matinale accomplie, direction Vegas.
A Zion, le but était de faire les Narrows: Zion est un parc national gigantesque, et les narrows sont une balade dans le lit de la rivière. Comme son nom l’indique, c’est étroit, et donc sujet aux flash flood. Un coup de fil à l’accueil du parc national nous informe que les Narrows sont … fermées!
Pour cause de trop de flotte. C’est trop con, j’avais taxé le sac étanche de Gilles et achetté des pompes de rafting exprés. Mais tant pis, Zion est grand, on aura de quoi faire.
Vu qu’on n’allait pas faire les Narrows, on a décidé de faire un détour par Cedar Breaks, qui est un autre parc national, quasi sur la route.
Arrivée là-bas, barrière fermée pour cause de trop de neige. Tant pis, on se dirige donc vers Zion. Quelques centaines de mètres plus loin, se trouve ce qui semble être une air de parking.
« Semble », parce qu’elle est un peu enneigée, l’air de parking, du moins son entrée.
Pas grave, on a un 4×4, on décide d’y aller (au lieu de garer la voiture sur le bord de la route et d’y aller à pied, qui était la proposition de Bérengère), on est joueur ou on l’est pas, ha ha!
On passe par la boue, la voiture s’embourbe, mais Côme nous dégage de là. On va au point de vue, prend quelques photos (ça caillait velu) et on repart.
Problème: passer par la boue est exclu: on a déjà testé, c’est sujet à embourbement. Côme projette de passer par la flotte (il y avait une belle grande flaque d’eau qui nous séparait de la route), Leati nous dit que par la neige ça passe (elle était sortie pour tester cette dernière, et à la voir sautiller dessus comme une gamine à qui on a refusée la dernière Barbie, ça avait l’air d’être solide).
Moi perso, vue la flaque (« Au fond d’une mare repose de la gadoue », a dit Lao Tseu) et le talus qu’il faut ensuite grimper pour atteindre la route et vue la neige par laquelle Laeti nous dit de passer (« La neige, ça glisse », lui a répondu Confucius), j’avoue que je ne sais pas trop quoi choisir… Côme étant au volant, il écoute sa chère femme, prends de l’élan, fonce dans la neige, et la voiture s’arrête au bout d’une dizaine de mètres.
Rien à y faire: coups de volant, marche avant et arrière, y a pas moyen, ça patine superbement, on est scotché…
Là on était VRAIMENT dans la merde! Il ne restait qu’une heure ou deux avant le couché du soleil, ça caillait sacrément, et la route au bord de laquelle nous étions est loin d’être aussi fréquentée que V2 une semaine de Noël.
Alors on à fait ce qu’on a pu faire: on est allé cherché des branches, on a transformé nos gamelles en pelle à neige (désolé, p’pa, je t’en rachetterai une) et on a essayé de faire adhérer un maximum de roues au sol. Mais rien à faire: soit ça patinait, soit quand ça adhérait ça ne bougeait pas d’un poil et la transmission claquait, soit ça adhérait à moitié et le pneu fumait.
Ou bout d’un petit moment sont passés des Canadiens, qui ne n’ont pas pu nous aider, puis un gars du coin, qui ne nous a pas plus aidé, du moins à dégager la voiture…
Côme avait souscrit une assurance, pour la voiture. Le gars proposait d’emmener qui veut à un téléphone en ville histoire de passer un coup de fil à cette assurance, pour savoir ce qu’elle pouvait faire pour nous. Théoriquement, ils nous dégagent si on est enneigé/embourbé/ensablé. Mais … uniquement si on ne sort pas des chemins balisés. Si on acceptait que l’assurance nous sorte d’ici alors qu’il était avéré que nous n’étions pas dans un chemin balisé, ça allait nous coûter 400$…
Le gars a emmené les filles en ville appeler l’assurance. Une dépanneuse allait passer d’ici moins d’une heure. Elle est en fait passé 1h3/4 plus tard. Pendant ce temps nous avions abandonné l’idée de dégager la voiture à la main, Jay nous ayant proposé de dormir dans un des lodges qu’il tenait.
La dépanneuse (qui n’était rien d’autre qu’une dépanneuse: on s’attendait à un truc plus sérieux, genre déneigeur…) est donc finalement arrivée. Le dépanneur a dit qu’il ne pouvait pas venir nous tirer par derrière parce qu’il aurait fallut qu’il passe par la boue (ou la neige ou l’eau) et qu’il risquait de s’y embourber aussi. Il a pris le volant pour essayer de dégager la voiture, mais sans plus de succès que nous, et il est arrivé à la même conclusion que nous: la voiture est perchée sur un tas de neige. Le seul moyen et de l’en faire descendre ou d’amener le sol à ses roues (et mettant des supports).
Il était quelque chose comme 11h du soir, et une chose était clair: ça ne serait pas ce soir…
On est donc allé dormir dans un des lodge de Jay, et là, l’allu: c’est immense, c’est tout en bois, c’est magnifique, et des vrais grands lits en dur. Des lodges de luxe 🙂
Dans notre malheur, on a eu au moins cette chance.
Levé le lendemain matin tôt. Jay nous a filé des pelles à neige, et rebelotte pour une opération déneigeage.
Et c’est là que j’ai pris conscience d’une chose: il est 8h du mat’, et je dégage une voiture par un froid de canard à 3000m d’altitude! Hé oui! J’avais pas fait gaffe aux altitudes, moi, mais les plateaux qu’on a visité ne sont pas au niveau de la mer, loin de là, et là encore moins!
Avec des pelles à neige, c’est tout de suite plus facile, sauf quand on en casse une ou quand la neige gèle pendant la nuit, par exemple… On aurait pu croire qu’on avait toute la journée pour creuser tranquillement, mais Jay nous avait dit qu’il fallait qu’on se magne parce que d’une part si les fédéraux se pointaient ça allait compliquer singulièrement les choses, et d’autre part si son patron à lui se pointait il n’allait plus pouvoir nous faire un prix sur les chambres (sympa, le mec, non?) Alors on s’est activé.
Mais sans plus de succès: on a réussi à pas mal dégager les roues, à dégager l’avant, et à pas mal dégager dessous, mais la voiture était toujours perchée.
Et puis s’est pointé une voiture, genre pick-up, avec des gars dedans. Ils se sont arrêté, et nous ont regardé. Quelques minutes après une autre voiture du même style est arrivée, et même scénario. Ça ne leur dirait pas de venir nous aider, par hasard? Les mecs conversaient, tranquille…
Au bout d’un petit moment, ils viennent vers nous et nous proposent leur aide. Hé bien ma foi c’est pas de refus! On essaye une dernière fois de dégager la voiture avant de les laisser tenter de nous tracter.
Evidemment, notre tentative échoue. Le mec monte dans sa caisse, passe par la boue (qui, dans la nuit, avait gelée!) et se met derrière nous. Il attache une chaîne entre notre 4×4 et le sien, et tire doucement.
Ça sort pas.
Il prend un peu d’élan, et tire de nouveau.
Pas mieux.
Et puis il prend de l’élan un peu plus sérieusement (un bon mètre et demi), et je me dis: mais bordel de m….! Il va péter la chaîne, ou notre châssis, ou le sien! Il est dingue!
Tu parle… il met la gomme, la chaîne se tend, et la voiture fait un bond en arrière hors de sa gangue de neige!
Mortel!!!
On remercie les gars, on remballe tout en 3ème vitesse et on rentre au lodge.
Direction Zion, cette fois-ci 🙂
Et Merci encore à Jay pour sa gentillesse et son aide.