S’il te plaît, saigne

Si les mots sont le sang de l’âme, alors je ne saigne pas assez…

Je vois mes blessures mais ne sais comment les guérir.

Je vois comment les guérir mais ne sais le faire.

Je vois comment le faire mais n’ose en emprunter le chemin.

Je vois comment en emprunter le chemin mais n’ose faire le premier pas.

Je vois comment faire le premier pas mais ne sais pas si c’est le bon.

Je vois que c’est le bon mais ai des barrières.

Je vois ces barrières mais n’ose les sauter.

Je sais comment les sauter… mais saigne trop pour risquer de le faire.

Please, bleed ; répands, éclabousse, tâche, contamine (ensemence ? ), circule, anime, nourris, colore …

Tracklist : « Please bleed », de Ben Harper. Pour le titre.

A se changer en roi

Envie de violence dans ce monde de coton policé.
Envie d’énergie dans ce monde distant.
Envie de secouer les choses, de casser des parois, de faire trembler le sol, vibrer l’air, atomiser les mots, griller les esprits…
D’hurler à la lune…

Tracklist : « Comme elle vient », de Noir Désir, pour le côté énervé et le rythme des paroles.

Art des corps

Il se trouve que j’ai toujours été une truffe en placement de mon corps dans l’espace (je conçois que cette phrase puisse paraître idiote), et que j’ai, de fait, admiré (kiffé, surkiffé) ceux qui pour qui ce n’est pas un problème (danseurs, surtout, et autres acrobates).

Pire : je me disais que ce genre de chose, d’expression, n’était pas pour moi : tu nais avec cette conscience, ou pas. Point ; d’autant plus final qu’en ce temps je ne comprenais pas grand chose à l’art (ou plutôt : au Pourquoi de l’Art), et encore plus rien à l’art des corps. Tout au plus étais-je capable de dire : « que c’est beau! » ((Billy Ze Kick, « Un spectacle de plus »)) en voyant un tableau ou en écoutant une belle chose. Mais conscience artistique, macache.

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Qui suis-je, et si je suis…

Où suis-je ? Dans quelle dimension, dans quelle partie de l’espace-temps suis-je ?

Dans quel coin de mon cerveau, dans quel coin de votre monde suis-je ? Dans quel espace 3D évolué-je ?

Dans quelle position suis-je ? sur quelle trajectoire suis-je ? quelles sont mes coordonnées ? quelle est ma dimension ? quelle ma consistance ? ma nature, texture, couleur ?

Quel est mon mouvement ? quelle est ma formule ? quel est mon espace et ma forme ?

Qui suis-je, et si je suis…

ou ne suis-je vraiment pas à ma place ; décalé, déplacé, délocalisé, dépareillé, désolidarisé, dédoublé…

Bordel de merde, où suis-je ?

Air breton

Première chose qui m’a frappé en arrivant : l’odeur.

Fine et un tantinet poivrée, un peu humide, air plus dense qu’à Paris. Je suis resté le nez en l’air quelques secondes, à sourire comme en con en repensant avec des pincements au cœur à celle qui m’a sensibilisé à ça, pour voir si l’odeur ne provenait pas d’un buisson proche ; mais non : sur le parvis de la gare de Quimper, pas de buissons à proximité.

Bienvenue en lande bretonne…

Puis dans le jardin de ma tante : la même densité de l’air, la même odeur en plus léger, mais ce vent irrégulier sous ce soleil, oui je connais ça. Et ça m’apaise.

Sur le pont de la Ville Close, même texture, en plus humide, plus parfumées. Depuis quelques années que je ne suis pas venu ici, depuis tant d’années que je viens ici, plus que ce que je vois, ce que je sens me rappel des souvenirs : souvenir de phare (de l’île de Groix), souvenir de moments passés avec une fille, souvenirs lointains qui ne me pincent même pas le cœur, eux.

J’entends des voix …

qui chantent dans ma tête. Certaines dans des occasions bien précises, d’autres continuellement. La vie ne serait qu’une séquence de chansons et d’airs ? Les souvenirs soutenus par des mélodies et des paroles ? Ou ces musiques ont-elles la même substance que mes souvenirs ? ne seraient que des pouponnières à sensations identiques à la nature de mes souvenirs ?

Y a-t-il un langage secret et unique entre ces musiques, ce qu’elles font naître, mes souvenirs, ce dont ils sont fait, et ma manière de (perce)voir les choses ? Dans ce cas, quel est ce langage que j’arrive à lire mais pas à parler ? Est-il seulement exprimable directement et sans art-ifice ?

Tracklist: