Voyage dans le temps – les perles

Je fais la collection des perles. J’en découvre de temps en temps. Enfin… disons que l’on m’en offre de temps en temps… Ou est-ce moi qui les fait pousser, en fait ? Mais elles sont toujours une surprise, inattendues

Je les mets dans une boite, que j’ouvre de temps en temps. Mais elles s’estompent avec le temps. Certaines sont furieusement belles, et quand elles m’ont été offerte j’ai cru tomber sur une mine, mais non : elle était unique. Une perle, aussi belle soit-elle, et basta. Pas envie de la ranger, envie de l’admirer même si je m’y perds, même si je m’y brûle, même si elle m’empêche de dormir, même si j’ai envie de creuser le filon pour en avoir d’autres. Dur de se dire que ce n’est qu’une seule et unique perle, et qu’il faut la ranger…

Voyage dans le temps – les montagnes Memnonites

Je vis dans les montagnes Memnonites.

La topographie est très variées : parfois très abrupte avec des pics comme des aiguilles et des crêtes longues comme des lames de rasoir, parfois plates comme le dos de ma main avec des courbes très douces. Je me balade souvent dans ces montagnes.

Je m’y perds souvent, en fait. Il n’y a pas vraiment de carte, ni de chemin tout tracé, ce qui fait que des fois je me retrouve asphyxié en haut d’un pic, ou au contraire noyé par la pluie tout au fond d’une vallée. Et je mets parfois des jours entiers à retrouver le chemin vers un plateau d’altitude moyenne.

J’arpente, j’arpente, je découvre de nouveaux paysages que je ne connaissais pas. Mais en ce moment je me fais des altitudes extrêmes ; impossible de trouver un plateau tranquille. Ça me crève…

Alors quand je suis chez moi, pour éviter de sortir je barricade tout, ou presque. Comme ce soir. Mais les montagnes m’oppressent tout de même, même si je ne m’y balade pas. Impossible de me couper d’elles : je vois leur ombre à travers mes fenêtres.

Voyage dans le temps – le lac Calamedon

Pas bien loin de chez moi il y a un lac : le lac Calamedon.

Le chemin pour y aller n’est pas long, mais j’ai bien trop souvent la flemme de m’y rendre. Il est plutôt petit, très calme, l’eau y est étale.

Je sais que les démons ont peur de ce lac. Je sais aussi que ce lac n’est accessible qu’à moi (pour une raison que je n’explique pas, mes voisins ne peuvent y aller, mais je crois que d’une manière ou d’une autre ils ont le leur propre), ce qui fait que je n’y ai jamais rencontré personne d’autre que moi. Plusieurs chemins y mènent, mais ils atterrissent tous sur la même plage, pas très large, couverte de galets, sur laquelle il y a une seule pierre, sur laquelle je peux m’asseoir.

De la fumée, des formes, s’en élèvent et disparaissent. J’ai parfois l’impression d’y voir des sortes de fantôme des graines que je plante dans mon jardin, mais en fait j’en sais rien. Je crois que d’une certaine manière il sert de vase d’expansion de ce qu’il y a dans mon jardin. Ce lac ne fait rien pousser, il laisse juste la place nécessaire à ce qui veut pousser. Il n’y pleut jamais quand j’y suis, mais parfois quand j’en reviens.

Bref, j’y vais pas assez souvent.

Tracklist : Les guerriers du silence – Pierre Bordage

Voyage dans le temps – mon jardin

Oui, j’arrête de compter les jours. Ça n’a pas de sens…

Et puis je viens de découvrir que cet appareil permet de faire des catégories. Chouette technologie que celle de ce monde !

Je ne vous ai pas dit mais il y a un jardin, chez moi. J’essaie un peu d’en prendre soin. C’est pas évident… J’ai l’air plus doué pour prendre soin du jardin de mes voisins que du mien.

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Voyage dans le temps – jour 11

J’ai toujours l’impression d’être dans une machine à laver. Je me rends compte que mon esprit a besoin d’espace : je mémorise mieux, je me concentre mieux si mon regard peut se porter loin dans beaucoup de directions, et si je peux me déplacer, bouger, marcher, changer de paysage.

Sinon, c’est trop « petit », étriqué, monotone. Il me faut de l’espace autour de moi et du temps devant moi. Sinon j’étouffe, je me sens oppressé, je stress, j’ai envie de tout casser et de m’enfuir.

Voyage dans le temps – jours 6 et 7

Hier pas grand chose. Du transit, en fait.

Aujourd’hui transit également. Sauf que l’atterrissage sur mon monde est violent. Le temps d’ici m’a un peu foutu la paix. Disons qu’il s’est tenu à distance (je réalise qu’en fait il s’est toujours tenu à distance). Mais il emprisonne toujours, même à distance. Il a un consistance grumeleuse, pâteuse, et tourbillonne autour de moi. Le temps de là-bas tourbillonnait aussi mais il était plus continu, plus homogène, plus consistant, plus centré sur lui-même, il ne donnait pas l’impression de ne pas savoir où donner de la tête.

Celui d’ici, sans être menaçant, est… comme un gardien de prison : toujours présent, mais en obstacle. En obstacle qui me guette, dans lequel je me cogne à chacun instant, qui m’agrippe sans arrêt sans me foutre la paix.

Alors je sens mon esprit se froisser, se replier, rétracter ses ailes et feuler contre ce temps qui lui impose ces contorsions.

Ici il a moins de place pour s’étendre.