Je ne peux pas

Hé non, je ne peux pas poser tant de questions à tant de gens. Parce que « l’observateur perturbe la mesure », parce qu’ils seraient saoulés, parce que vue mes questions ça tuerait la magie de la relation et fausserait du coup les réponses aux questions.

Disons que je ne peux pas poser toutes les questions que je voudrais (foutues règles sociales, tiens)

De mon poste de commande je contrôle ma vie… mes vies. Parfois j’en sors, je retourne dans l’autre monde, celui que tout le monde connaît. Mais j’ai mes vies en tête, et personne à qui en parler: trop décalées.

Alors je me balade, muet.

Temps réel

J’ai passé mon ordi en ‘temps réel’ pour éviter les latences.

Ca consiste à

  • Patcher le noyau pour lui donner les capacité ‘temps réels’,
  • Donner le priorité temps réels aux processus du groupe ‘audio’, dont je fais of course partie (installation d’un pam modifié, trifouillage de son fichier de conf’)
  • Augmenter la priorité des irq qui gèrent les timers et la carte son (via rtirq). Ca, c’est presque fini: « suffit que » je colle ma carte sur une irq toute seule 🙂
  • Augmenter le latencty_timer de la carte son (via setpci)

Me reste à tuner le disque dur, et peut-être encore les irq.

Sinon, j’ai chopé l’overlay proaudio de Gentoo, ce qui me permet d’avoir les toute toute toutes dernière versions des trucs fun comme Rosegarden et Ardour (dont, par ailleurs, je ne sais toujours pas me servir 🙂 )

Tout est ici:  http://www.linuxmao.org/tikiwiki/tiki-index.php?page=Gentoo_MAO#_Installation_du_noyau_i_rt_sources_i_

Mao?

Cette semaine j’ai passé des heures entière à comprendre, compiler et trifouiller Alsa, Jack, Pulse, Rosegarden, Ardour, Hydrogen, Muse, Lmms, Rezound, Qsynth, Jamin, ZynAddSubFx et la norme MIDI. Ça m’a coûté des heures de sommeil et de compilation, et m’a fait couché bien bien après minuit…

J’ai pas encore tout intégré, mais j’avance vite.

Cette après-midi j’ai acheté (mais pas encore payé, merci Marc 🙂 ) une carte son Sound Blaster Audigy 2 Platinum Ex: rack externe, entrée et sorties MIDI (ce pour quoi je l’ai achetée, tout de même), 7.1, table d’onde et, cerise sur le gâteau, mix hardware (ceux qui on galérés avec Alsa comprendront en quoi c’est intéressant :))

Dès que je peux je chope un clavier MIDI, et le gars Garf pour qu’il m’éclaire tout ce foutoir de ses lumières.

Ça va roxer 🙂

Toujours pas

J’ai toujours pas envie de parler. Pas envie de partager, pas envie de tenir au courant, de me bouger pour les autres.

Cas d’école à table. D’habitude je raconte éventuellement les films que j’ai vu, ce genre de chose. Je ne le fais plus. Et d’ailleurs je n’ai même plus envie de manger avec du monde. Je n’ai par ailleurs pas le cœur  à manger seul…

Bref, je me colle à un bout du groupe, prêt du mur, histoire que personne d’autre que celui que je préfère ne vienne se mettre à côté de moi. Je me fais superbement ignorer pendant un bout de temps, on ne parle pas de moi et je ne me mêle pas à la conversation.

Sauf qu’à un moment ils remarquent que je ne dis rien. S’en suivent les vannes habituelles, ils attendent ma réaction, qui ne vient pas. Je les laisse faire, me sers de l’eau. Je sens leurs regards sur moi. Qu’ils me regardent, qu’ils essaient de savoir ce que je pense, qu’ils attendent que je me batte…

Et ça repart, et je sens toujours leurs regards, et je ne réponds toujours rien. Ca ne me fait pas du tout rire, pas plus que ça ne me blesse. Je ne le méprise pas, c’est juste qu’ils ne savent pas qu’il ne faut pas me faire chier, et comme je n’ai pas envie de le dire parce que je n’ai pas envie de passer du temps à expliquer parce que je n’ai pas envie de parler, je les laisse faire.

Après tout, peut-être qu’ils sont l’habitude que je sois comme ça, parfois, qu’ils ont appris à faire avec, qu’ils se disent que c’est dans ma nature. Alors que ça ne l’est pas du tout, pas du tout du tout… Pas plus cette fois-ci que les autres fois.

Mais je crois que de toute façon ils s’en foutent, d’une certaine manière.

Choose your future

Redécouvert ça, ce matin:

Choose life. Choose a job. Choose a career. Choose a family. Choose a fucking big television, Choose washing machines, cars, compact disc players, and electrical tin openers. Choose good health, low cholesterol and dental insurance. Choose fixed- interest mortgage repayments. Choose a starter home. Choose your friends. Choose leisure wear and matching luggage. Choose a three piece suite on hire purchase in a range of fucking fabrics. Choose DIY and wondering who you are on a Sunday morning. Choose sitting on that couch watching mind-numbing sprit- crushing game shows, stuffing fucking junk food into your mouth. Choose rotting away at the end of it all, pishing you last in a miserable home, nothing more than an embarrassment to the selfish, fucked-up brats you have spawned to replace yourself. Choose your future. Choose life… But why would I want to do a thing like that?

I chose not to choose life: I chose something else. And the reasons? There are no reasons.

Tiré de Trainspotting, de Dany Boyle

10h par jour

« Heureux qui comme… » allez savoir pourquoi j’ai ça en tête.

Bref.

Qui est capable de dire « je bosse 10h par jour la tête dans le guidon? »

Moi pas. Moi je farfouine, je lis des blogs, des news (IT ou pas). Je ne peux pas (ou en de rares circonstances) me consacrer uniquement à mon boulot. Faut que je décompresse, me change les idées, me relie au monde (même si…) plus ou moins fréquemment.

C’est peut-être ce qui me perdra mais j’ai une concentration de poisson rouge, parfois 🙂

L’autre côté de la médaille est que du coup je me cultive, je ne reste pas 10h par jour à faire une tâche payée pour un autre qui ne me (re)connaît pas. Je découvre le monde, je me tiens au jus, je sors mes antennes, tends mes oreilles.

Mais je ne peux pas, non, être complètement concentré sur une activité qui, au fond, ne m’apporte que peu de choses…

Bouche close

Minuit 38. Je reviens du ciné, je suis allé voir ‘American Gangsters’ avec une amie. Excellent film; long mais bon et passionnant.

J’avais éteint mon téléphone (ne sachant pas le mettre en vibreur). D’habitude je le regarde dès la sortie de la salle, donc mon ‘réflexe’ (de consommateur moyen accro aux nouvelles technologies) a été de le rallumer. Mon humeur du (très grand) moment étant ce qu’elle est, je l’ai maintenu dans son état léthargique. Je me suis dit que j’allais le laisser comme ça jusqu’à demain matin (après-midi? soir?) mais … non, je craque dans l’ascenseur.

Là, je rallume le-dit mobile. Il met quelques secondes mais fini par m’annoncer que j’ai un (mini)message. Pas de panique, je sais qui c’est, même pas besoin de regarder. Je rentre chez moi, jette un œil à mon téléphone fixe: confirmation de qui a essayé de me joindre.

Très bien…

Je rassemble les papiers qu’il faut que je photocopie demain et… il manque quelque chose. Je tends l’oreille; ah oui: de la musique. Mon appart’ n’est abrité que par le bruit des ventilos alors que d’habitude il est couvert par de la musique (la musique est tellement constamment présente chez moi qu’elle (me) manque quand je suis chez les autres).

La musique attendra, je fini mes papiers.

Une fois rassemblé le tas à photocopier, je rentre dans le cyberworld: checkage de mails (« merdicum, pas de réponse de machine »), lançage de Pidgin (« re-merdicum, bidule n’est pas connectée), lecture des éventuelles nouvelles nouvelles sur les blogs déjà consultés dans la journée. Il n’est que presque minuit, j’ai donc théoriquement de bon paquets de dizaines de minutes avant que me coucher ne devienne une nécessité absolue (enfin… pour peu qu’être en forme au boulot soit une nécessité absolue…)

Alors je musarde. Je lis des billets que je n’avais pas lu, je lis les news du monde auquel je n’appartiens plus, je check 15000 fois mes mails, je regarde 15000 fois Pidgin pour voir si quelqu’un s’est connecté depuis la dernière demie seconde, je reviens au billet que j’ai laissé 2 secondes plus tôt, au milieu d’une phrase, happée par une envie d’aller voir sur la page d’à côté.

Je lis. Je vois des mots qui s’alignent, forment des phrases. Je suppose, mais ne suis pas très sûr, que ces phrases résonnent dans ma tête, et ont une voix que mon cerveau leur donne.

Mais personne ne parle, dans mon appart’.

Je fini par aller sur sa page. Ça me fait toujours un effet terrible; ça réchauffe, ça brûle, ça remue, ça me donne envie de m’exprimer, ou au moins tenter de le faire, ça blesse, ça me crispe, ça me fait me sentir vivant, après tout, me sentir moi, de faire des choses dingues (qui, après tout, seraient moi, non?).

Je quitte la page. Des millions de choses tournent dans ma tête mais reste muet, fidèle à mon humeur (et à ma décision?) Je voudrais (lui? lui? lui?) écrire ce qui me tourneboule le ciboulot, heurtent d’autres choses, mais je reste bouche close.

Je sens les idées qui veulent se transformer en mots et sortir. J’ai envie de parler mais je décide (j’ai décidé) que non. Pas parler. Pas communiquer. Fini.

Alors … je perçois le silence verbal autour de moi. Je sens tout ce fouillis qui veut sortir mais non, il restera en moi.

Je me sens comme une tour d’ivoire, avec plein de choses à l’intérieur, plein de choses cachées que je ne veux pas donner au monde. Que je devrais donner, que j’ai donné, mais que je ne veux plus donner. Basta… Ça grandira (pourrira?) mais attendra. Et en attendant je reste bouche close.

Elle est connectée. Soulagement… Je clavarde… Je ne parle toujours pas (pas de sons) mais … j’adoooore quand elle est là. Et elle est toujours là, toujours 🙂 On tapote. Pas de sons que celui du clavier, ça sera celui de sa voix. Ses mots s’alignent, calmement. Je pose des questions, elle y répond, calmement. Elle me respecte. Elle ne me violente pas, ne me fait pas chier. Je ne parle toujours pas, je refuse de parler, d’émettre un son, ne serait-ce qu’une exclamation, mais je tapote. Je me sens calme, avec elle. Je la laisse naviguer en moi où elle veut, elle sait le faire, elle ne casse rien et observe avec attention.

Je ne parle toujours pas, mais je lui parle… ça me repose…