J’ai vu la bombe exploser, au loin, vers le centre de la ville. Elle n’était pas prévue… J’ai vu le flash. Je marchais tranquillement et wouf.
L’onde de choc n’est pas arrivée tout de suite. J’ai eu le temps de voir les bâtiments tomber un à un. Je me suis fait la réflexion que je n’avais aucune chance d’échapper au souffle. Pas la peine de courir…
Pas la peine de courir, tu y passeras… Puis le souffle est arrivé, très lentement, il a commencé à tout détruire autour de moi, sans un bruit.
Tout tombe, sauf moi.
Mon monde s’effondre mais je reste debout. Tout part en poussière, moi pas.
Et je me dis que NON NON NON ! JE NE VEUX PAS VIVRE CA ! Mais pas le choix, je le vis, et je vais vivre avec les dégâts.
NON NON NON ! JE VEUX MOURIR ! JE PRÉFÈRE MOURIR QUE VIVRE AVEC CETTE DOULEUR !
Je supplie la Vie, l’Ange, Buddha sait quoi, de me laisser mourir plutôt que de vivre avec cette destruction.
Mais non non non me font-ils, tu vas vivre. Tu vas douiller, oh oui tu vas douiller, mais tu vas vivre.
Je regarde les dégâts autour de moi. Jusqu’où vont-ils s’étendre ? Le souffle m’a dépassé, je suis debout (je veux être à terre, je ne veux plus être) (je ne veux pas être debout, je veux pleurer, mourir, pleurer, hurler, agoniser, mais non) je suis silencieux.
Vis-je encore ? Obviously… mais suis-je encore ? Mon corps vit, pour sûr. Le reste … est tétanisé, essaie d’empêcher l’effondrement. Le reste s’est pris le souffle en pleine face. Le reste est dévasté.
Une plaie se panse et fini par ne plus faire souffrir, mais ça ? Je vais être obligé de vivre avec ça tout le reste de mon existence. Impossible d’oublier, évidemment qu’il sera impossible d’oublier ! Alors laissez-moi mourir plutôt que m’obliger à vivre avec CA !
Mais je suis vivant et je n’y peux rien. Et j’essaie de me battre contre la plus grande force de l’univers, pfff…
Je n’ose me retourner et sentir l’étendu des dégâts. Pourtant, quand je me serai rassemblé, quand malgré moi cette putain de force de vie m’aura remise sur pied, je constaterai les ruines en moi. Et alors, douleur éternelle, …
… comment reconstruire sur tant de ruines ?