Furieux bien sûr furieux ! Couché furieux, levé furieux, journée furieux, soirée furieux. Voyons.
A constater que tu reste le même, voyons, ça sert à rien de t’énerver. Tu es où tu es et tu y resteras, tu peux être aussi furieux que tu le veux ça ne changera pas. Que voudrais-tu ? Le monde tourne et s’en cogne fondamentalement de toi.
Oh tu peux t’énerver, t’exciter, rien ne changera. Rien. Ils resteront à leurs place, elle restera à sa place. Tu resteras à la tienne, celle à laquelle tous te mettent, tu n’y échappera pas.
Tu peux essayer, essayer d’échapper à la réalité, c’est mort : le temps coule, la journée avance, les choses se meuvent, le soleil se couche, la soirée avance, tu vas aller te coucher et le sommeil va en effacer une bonne partie et demain… rien n’aura bougé, ça aura glissé entre tes doigts sans que tu puisse y faire quoi que ce soit.
Oh tu peux boire pour abréger cette journée, t’évader de toi-même quelques heures. Tu souffriras moins, quelques heures. Tu n’auras rien volé du tout, rien changé du tout.
Voyons mec, pourquoi voudrais-tu que cela change ? Oh tu peux hurler, pleurer, les pièces vont se déplacer, un peu, et revenir à leurs places assez vite. Quelle que soit l’énergie que tu y mettras.
Tu peux bien être furieux, tout le monde s’en fout, et tu le sais ! La réalité s’en fout, les gens s’en foutent, le temps s’en fout, ton métabolisme s’en fout. Hurle ce que tu veux, furie ce que tu veux, ça n’aura aucun impact et tout le monde s’en cogne.
Ce que ça va t’apporter c’est te mettre hors de toi et tu vas voir l’étendue de ton désert, l’immensité de ton impuissance, l’infini cycle de tes errements, l’épaisseur du silence qui te ceint, le néant de ton influence.
Tu te fais du mal, ferme ta gueule, bois, monte le son, et vas te coucher.