Voyage dans temps – 3ème vie et temps éternel

Et donc voir le jour suivant comme vide de contraintes, comme un espace vide à remplir à loisir, comme un espace où le temps va pouvoir se déployer et des ramifications s’épanouir.

Je ne grimace plus quand j’ai une idée en tête et que le jour suivant va arriver. Je ne grimace plus quand le soir arrive et que des idées ou des envies m’arrivent.

Je ne grimace plus quand je fais ce que j’aime : je sais que je vais avoir le temps de le faire, je vois les heures se déployer devant moi, et rien pour les arrêter.

Voyage dans le temps – Le pays des abeilles

Ici le temps est plus calme, plus accueillant, moins agressivement vide que dans le centre. Les pensées ont le temps d’y prendre racine. Il a une structure assez douce, qui est celle de la journée et du rythme du soleil, puis des saisons. Dans cette structure en fin de compte assez peu de choses, mais pas rien. Il est fait de bois, et de montagnes bien sûr. Il est fait de deux personnes. Et demi. Une reine (au rythme lent) et son roi. Et leur enfant, bien calme.

Aucune obligation d’aucune sorte. Personne à éviter, personne à attirer, presque rien à penser.

Les pensées, timidement, prennent leurs aises, tâtent les limites du temps et s’apercevant qu’il ne les empêche pas de s’épanouir, étendent leurs ramifications.

Voyage dans le temps – temps presque infini

Ici, là, au fin fond du centre, le temps est infini.

Sans doutes parce qu’il n’est peuplé de rien, que le lieu est isolé de beaucoup de choses, que je ne peux aller nul part (je suis à pied) et que je ne vais croiser personne (ou presque).

Mes besoins sont pourvus, et à heures fixes ; je n’ai pas grand chose à prévoir.

Une fois mangé et dormi je m’aperçois qu’il reste encore beaucoup, beaucoup, d’heures vides car je n’ai rien de prévu. Et quand elles défilent un peu vite, ces heures, juste un tout petit peu trop vite, je regarde dans le futur et je m’aperçois qu’il y a encore plusieurs jours vides ; autant dire une infinité.

J’ai juste un marais à éviter, tout au long de la journée. Mais peut-être fait-il que ce temps est infini. Peut-être est-ce lui qui absorbe le temps. Peut-être est-ce sa présence qui repousse l’écoulement du temps.

Voyage dans le temps – explorations

Parfois je m’arrête et je pars explorer ce dans quoi je vis.

C’est infini, pas vraiment fractal, mais d’une infinie richesse. D’une infinie densité de beauté : plus je fouille ce que je trouve beau, plus je trouve de raisons que cela soit beau. Et cela se ramifie et part fouiller dans un million de directions pour autant de relations.

Les secondes qui passent transforment lentement cette beauté et en apporte d’autres, avec encore un million de relations.

Les sensations peuvent-elles être infinies ? Peut-on, puis-je, passer une vie, ma vie, à explorer ces sensarelations ? A les regarder naître et se mouvoir ?

Voyage dans le temps – topologie

Comme ici rien n’est vraiment loin : se lever, prendre le vélo, y aller : 10 min environ, 20 max. Entre ici et là : peu de choses pour perturber, juste de beaux paysages, de chouettes odeurs, du vent, de belles maisons. L’assurance en tête qu’au delà d’où je vais il n’y a pas grand chose (car c’est une île).

Alors le temps prend la même forme : entre maintenant et plus tard, peu de choses pour perturber. Et au delà de « plus tard » ? Pas grand chose (car rien n’est prévu).

Et l’espace est de la même composition : peu dense ; peu dense en gens, peu dense en sons, peu dense en bâtiments.

Ça donne un sentiment de clarté, de transparence.

Voyage dans le temps – seconde vie

Retour dans cette île qui m’est familière. Cette île fait-elle partie de moi ? (qui suis-je, et si je suis, où ?)

Ma magie de l’île existe-t’elle encore ? c’est que je grandi, et c’est aussi qu’elle change…

Heureusement oui : la topologie est toujours la même, les odeurs sont les mêmes et même si j’ai changé et que mon état d’esprit n’est pas le même, l’île est là.

Je suis reconnu au lieu où je squat. Damn. C’était pas prévu, mais ok. Retour chez … moi, alors ? Je pose ma maison, et je me sens un peu chez moi, oui. Mais pas géographiquement parlant. Chez n’est pas le bon terme. En ? ?

Quelque chose comme ça, oui : je me sens moi, je sens que moi est dans l’air autour de ce corps, je sens que je prends l’espace qui l’entoure. Je perçois la géographie de l’île, et elle a les limites de ce que je peux définir comme moi.

Le temps n’y est pas encore, mais c’est une question de temps…

Je vais chercher ce moyen de transport qui fait mal au cul et ça y est, je sens que je peux toucher les limites de l’île, je sens que je peux me balader en moi. Alors je me balade, et le temps ralenti.

Et ce n’est pas tant qu’il ralentisse qu’il prenne … de la consistance, une sorte d’espace. Il prend la forme du lieu, ce temps : grand, calme, plutôt plat, et transparent. Je crois que la géographie du lieu imprime au temps sa forme : le temps est parsemé de petits rendez-vous comme l’île est parsemée de village, le temps est libre comme l’île est plate, le temps est calme comme l’île est calme.

Descente au port (des fées) le soir, retour par le chemin. J’ai l’impression d’être dans une autre vie, dans ma seconde vie.

Voyage dans le temps – silences pour les musiques à venir

J’ai parfois besoin de silence. De BEAUCOUP de silence. Pas de paroles, pas d’actes, pas de sensations. Repos des antennes. Une sorte de silence silencieux asensoriel. Pas de décisions, pas de choix, pas de réflexions, pas d’écoutes et pas de paroles. Pas de sentiments. Pas de contacts. Pas d’écoulement du temps. Juste le bruit du soleil qui se lève, celui du vert de la campagne et celui des pensées qui se calment…

Voyages dans le temps – tout brûler

Parfois j’aimerais tout brûler, TOUT brûler. Faire un gros reset comme le fait la reine noire.

Passer un coup de lance-flamme afin de cramer âmes et fantômes. Fantômes surtout. Et n’emporter que le peux que je sais n’être que moi. Et sans un mot me mettre à rebâtir… Plus loin, mieux peut-être.

Mais surtout désherber, faire le ménage, éclaircir, désobstruer, désencombrer les placards. Tout brûler et regarder ce qu’il reste. Et resemer ce qui vaut le coup de l’être.

Et oublier le reste.