Il était temps de nous dire au revoir. Nous étions face à face, debout. Mais alors comment nous dire au revoir ? Une bise serait trop peu, vu ce qui nous lie. Nous embrasser ne serait pas représentatif : trop engageant, et nous ne nous sommes pas engagés par là. L’accolade ? trop … juste à côté de ce qu’il faudrait.
Trop plein de ce qui m’anime, trop plein de ce qui nous anime, je ne réfléchis plus et d’instinct je mets ma main derrière son épaule, vivement, puis d’une pression des doigts je l’intime de venir vers moi pendant que j’ouvre mon autre bras pour attraper son autre versant. Ma tête n’est déjà plus là, ne la regarde plus. Elle vise le creux de son épaule. Je ne suis plus là, je sais que je suis arrivé. Je sais que cela ne va durer que quelques secondes dont le souvenir me marquera à jamais. Je sais que je ne sais pas comment cela va se passer. Je sais que ces secondes seront précieuses. Je sais que j’aurai le sentiment d’être chez moi, et que cela ne durera pas. Je sais que j’aurai envie de pleurer et que je ne le ferai pas mais qu’à la place je la serrerai fort. Je sais que je vais revenir aussi vite que je suis parti et que les sensations physiques de ses mains autour de moi, de la résistance de son corps sous la pression de mes bras, de la localisation même de nos points de contact vont s’imposer à moi, se mêler à ce que je ressens, diriger ce que je ressens. Ce que je ne souhaite pas.
Ce que je ne souhaite pas.