Quelque chose auquel je ne m’étais pas attendu : la pesanteur de ce sentiment de faire la route seul.
Je m’étais préparé à tout remettre à plat, ou presque, à traverser un sacré tunnel, et à le faire plutôt seul, en bon ours. Mais je ne m’attendais pas à ce que ça soit si pesant.
Avant, avant, tout mon monde s’articulait autour de mon ancien métier, autour des ordis. Ca faisait plus de 25 ans que j’étais en leur compagnie, tout le monde me connaissait ainsi, et presque toutes mes activités tournaient autour de ça.
Là, non.
Nouveau monde. Nouvelles connaissances, nouvelles têtes, nouveau domaine, terre inconnue, chemin inconnu, futur inconnu. Rien dans ma vie d’aujourd’hui n’y est préparé. Presque personne autour de moi ne peut m’aider et ne me connait ainsi. Personne autour de moi n’est dans ma situation.
Tout un réseau de relations à refaire. A partir de zéro ? Pas tant que ça. Je découvre les invariants, ce que je peux changer, et ce qui transparaît inévitablement.
Et cette route est peuplée de beaucoup de silence. Beaucoup de silences intérieurs mêlés à une certaine gravité. Je me surprend à vouloir la fermer plutôt que m’exprimer, à me murer dans un certain mutisme.
Pesante solitude forcée.