Hier j’ai donné une chance à la paix, malgré ma colère.
Et j’ai eu raison. En plus de confirmer mon imparable pouvoir magique.
Mon pouvoir magique consiste en ceci : ce qui j’imagine ne se produit jamais. Jamais jamais jamais. Au pire jamais jamais jamais, au mieux pas sous la forme sous laquelle je l’imagine.
Ce qui a un avantage certain : quand j’imagine le pire, je peux être sûr qu’il n’arrivera pas (ou en tous cas pas sous cette forme). Ça me permet de me dire « Stop ! De toutes façon ça ne se passera pas comme tu l’imagine »
De colère je ne voulais donc pas la revoir. De sourde colère. Jusqu’à temps qu’elle se calme. Ce qui aurait pu prendre des éons, la colère se nourrissant d’elle-même (et d’ignorance et de peur). Mais j’ai accepté son invitation à nous revoir, parce qu’elle disait qu’elle ne voulait pas, elle, rester avec cette colère.
Mon point faible : vouloir aider.
Dire que mes nuits étaient tranquilles serait mentir, de même que dire que je ne me suis pas tapé quelques mini crises d’angoisse. Toutefois sans communes mesures avec celles passées. Et j’ai tout imaginé. Sauf, bien sûr, ce qui est arrivé. J’ai imaginé des attaques et leurs répliques, et les répliques de ces répliques, et des variantes des attaques et des répliques.
Il s’est passé que d’attaques il n’y a point eu, de son côté comme du mien. Ou s’il y en a eu, les répliques sont restées dans leurs fourreaux.
L’image associée est nous marchant sur une crête aigüe, chacun tenté d’entraîner l’autre sur un versant ou l’autre, comme à notre habitude. Mais cette fois-ci non : nous marchions droit, évitant les fatals pas de côté et les bourrades nocives.
Je n’avais bien sûr pas du tout imaginé ce genre de situation, et mon horizon de grave est passé à calme.
Presque en paix.