L’albatros est un oiseau qui a une envergure pouvant atteindre 3m40, soit bien plus que le vautour. Ces deux oiseaux, avec un peu de chance, peuvent se voir en Patagonie. Nous n’avons vu que le premier, sur le canal Beagle. Il ne faisait bien sûr pas 3m40. Une autre caractéristique de l’albatros est sa capacité à atterrir en bordel. Ce que n’a fort heureusement pas fait notre avion.
Votre serviteur, par contre …
Mon père est venu nous chercher, Camille, MS et moi, qu’il en soit remercié. Étrange mélancolie en sortant de l’avion : pas vraiment envie de revenir de voyage (comme à chaque fois, non ? ), doublée d’un intense sentiment de solitude. Que je cache …
Je récupère Rebecca chez Camille. Elle démarre sans trop de soucis, la brave fille. Arrivé chez moi, après avoir dit bonjour à mes plantes, mes objets et mon voisin, je me rend compte que je suis habité : les voix de mes compagnons, les quatre personnes auxquelles j’ai le plus parlé pendant ces trois dernière semaines, résonnent dans ma tête : leurs intonations, gestes, attitudes, tics, ronflements ?, leur âme, leur personnalité, leurs sourires, leur image en moi, vivent … défilent en kaléidoscope … au milieu de deux émotions contraires : la grande joie d’avoir voyagé/vécu et revoir ceux que j’aime (j’ai sans doutes un discret et benoît sourire), et l’immense tristesse de revenir…
… de revenir et de constater que le décalage n’a pas été aussi intense que je le voulais, qu’il n’a pas produit les effets souhaités, que je n’ai pas été tant moi que ça, et que puisque les changements ne pouvaient s’opérer qu’en moi ce que j’ai retrouvé est évidemment identique à ce que j’ai laissé. La vie, ma vie, me rattrape à la vitesse à laquelle je reprend contact, rattrape (me fais rattraper par ? ) les fils de mon existence, me fais envahir par mes (non) choix, mes lents poisons ambiants, tout ce qui poisse dans ma réalité.
Je déballe mon sac, désincarné, dans un mélange de rayonnement et de tristesse. Il se pourrait que j’ai envie de pleurer, mais la force me manque.
Demain c’est working time. En soit je m’en fou. Ce qui m’inquiète le plus est la vitesse à laquelle je vais me laisser infuser par mon quotidien, à laquelle le temps haché va reprendre son pouvoir, et le peu de courageuses décisions que je vais oser prendre. Je vois, du haut de mon dimanche soir, mon moi futur : il est sur un tapis roulant, noyé, envahi, découpé, arc-bouté ; sa bulle est réduite, sa lumière vacille ; il me regarde, sans force, moi, son passé.
De retour du Québec je me souviens avoir demandé à Kelly, à voix basse, « est-ce que tout ceci n’était qu’un rêve ? » et elle m’avait répondu calmement avec un grand sourire et sa lumière dans les yeux : « non… » De quoi sont donc fait les souvenirs ? les rêves ? ce que j’ai vécu était-il réel ? le sera-t-il encore dans quelques jours ?
Question: y a t il une différence entre le moment ou nous sommes éveiller et les moments ou nous rêvons ? En constatant que nous arrivons à nous souvenir, de temps a autres, de nos rêves et de nous souvenir de situation passés et lorsque nous comparons 2 souvenirs,1 d’un rêve et 1 d’une situation de la veille, On se rend compte qu’il n’ont pas plus de substance l’un que l’autre et qu’ils n’en sont pas moins présent dans notre mémoire.
Sans parler des cas, pas si rares, on nous nous fabriquons nos souvenirs. Et les cas où notre cerveau altère nos souvenirs …
So ? Il y une indéniable différence, mais je ne saurais mettre le doigts dessus. Disons que ça se sent…