Révélation de la nuit

Et voici les secrets de ma vie: la nuit n’est pas noire, elle est bleue, et c’est un bleu qu’on respire et qui fait vivre et qui gonfle les poumons et le cœur. Et mon four n’est pas noir, il est doré et c’est un or qui sent bon et qui se mange dans le pain et les brioches.

Michel Tournier, « Pierrot ou les secrets de la nuit ».

Elle est bleue, et d’un bleu charmant,
D’un bleu violet, la fumée
Que laisse échapper lentement
Ma cigarette parfumée ;
Et j’aime à voir, d’un faible essor,
Monter sa spirale indécise.
– Au contraire, celle qui sort
De mes lèvres est toujours grise.
Pourquoi pas bleue aussi ? Pourquoi ?
Qu’est devenu le bleu, poète ?
– Je sens que ce bleu reste en moi
Et ma rêverie en est faite.

Jules Lemaitre, « La Revue des Tabacs »

Et ouaip, y a des mots qui vous restent en tête pendant des années.

Anyway…

En rentrant chez moi, ce soir, une fois de plus seul, j’ai cogité. Ok ok, je rentre, je suis seul comme un peu trop souvent en ce moment.

D’un côté ça me gave, mais d’un autre quelque chose de cool me démange le cerveau; deux rencontres aidant j’ai acquis cette liberté et ce détachement, que je garde précieusement, et je sens que ça en découle.

So what? comme dirait le Jedi.

So je me suis dit que j’avais plein de trucs à faire, en rentrant chez moi. Mieux: je n’avais aucune obligation. Mieux: aucune obligation envers qui que ce soit.

Et d’un coup un nouveau chemin s’est ouvert à moi, comme quand on découvre une route au bout d’une impasse.

Alors, quel est donc cet étrange et agréable sentiment qui se terre derrière la solitude?

La solitude n’est pas noire ou grise, elle est bleue pour peu qu’on la regarde sous un autre angle, et sous cet angle elle s’appelle indépendance.

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