Ode au consul

A l’époque j’étais consul, et l’on me surnommait “Le stratège”
Un cabaret nommé “Au berlingot” était mon siège
Sis impasse Ronpatapon
J’y restais jusqu’à l’heure où l’eau berce les courageux
Qui sortent de leur plumard, Morphée aux talons
Quels que soient leurs états, où que soient leurs pieux

Cet troquet, cher à mon cœur, me rappelait un bar à Bahia
Et l’ambiance les plages de Goa, gainée de teufeurs
Là, allons le visiter…

Je m’y rendais plusieurs fois par an, les années paires
Souvent à l’époque du brame du cerf
Il y avait sur son seuil, un iguane au repos
Gare aux passants ! car il était si gros
Qu’il avait dû croquer bien des chalands.
A savoir pourquoi il avait un cou si roux
“Ça indique le nord”, mentirais-je pour vous

L’hôte liait facilement amitié, j’y étais connu
Des sanitaires étaient disponible, et j’y prenais parfois ma    douche
Il proposait toujours : “Allez en salle, et lisez le menu”
Y figuraient des en-cas et des amuse-bouche

Parfois un “A la tienne, Zachary !” sortait du noir
C’était un fameux soudard, un pilier de comptoir
Il avait ses heures, il fallait faire gaffe
Le jeu consistait à lui dire, en pointant son agrafe
“Il a des remous, ton ventre ! Regardez, vous autres !”
Et il répondait “Manant, achètes-en moi un autre
En montrant son vin chaud
”Et obéis car
“Gengis Khan, y n’maurait pas mis au cachot !”
Et il buvait son vin, sans se mettre en retard
Et avec zèle, ergotait sur son passé

A l’affût là haut, l’air hagard
Je me trouve, avec ma vodka, si mis à l’écart !
Je les regarde s’ébaudir
Tels les canetons avec la cane, et rire
Moi qui ai tant donné, autrefois
Cette belle zizanie, maintenant regrettée, pourquoi
Même ramolli, nier l’avoir aimée ?
“Vas chasser loup, pie, Nazis ! Cesse de blâmer !”
“On n’est pas à la messe, ô niais que tu es !”
“Largue les amarres ! rions ! allons fumer !”
“Chasse ton Yéti et négocie”
Je t’interdis de renoncer ! »
T’as qu’un but, sois persévérant, aussi ! »
Je m’y mis dare-dare ; assez parlé ! Mais il était trop tard

En bon alcoolo, maintenant, parfois je m’isole
Et j’avale verdure, alcool,
bœuf bourguignon
Et tome à l’ail de saison