Atterissage de l’albatros

L’albatros est un oiseau qui a une envergure pouvant atteindre 3m40, soit bien plus que le vautour. Ces deux oiseaux, avec un peu de chance, peuvent se voir en Patagonie. Nous n’avons vu que le premier, sur le canal Beagle. Il ne faisait bien sûr pas 3m40. Une autre caractéristique de l’albatros est sa capacité à atterrir en bordel. Ce que n’a fort heureusement pas fait notre avion.

Votre serviteur, par contre …

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Le temps est fou

La ville n’a donc rien de fascinant, bien au contraire, mais autour, c’est une autre histoire…

Le temps (pluie) n’a donc pas permis de faire une balade dans le parc national de la Terre de Feu, donc nous nous sommes organisé pour les prochains jours. Pour ce jour, cheval ; le lendemain, marche et canoë ; et le dernier jour matin, promène-couillon bateau sur le canal Beagle (le bras de mer de 180km devant Ushuaia qui relie l’Atlantique au Pacifique).

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Bout du monde

Ushuaia… Le bout de la Patagonie, la Terre de Feu, nom aux résonances mythiques… Hé bien qu’il reste dans votre imaginaire avec les rêves qui y sont attachés, sans jamais se confronter à la réalité : le cadre est certes idyllique (les montagnes, hautes et proches, forment un superbe écrin pour la ville) mais la ville est chiante comme la pluie : prenez Le Havre, Boulogne sur Mer ou n’importe quelle ville chiante, et vous avez Ushuaia. Un rêve s’écroule.

Anyway, j’avais tout de même un sourire de gamin en arrivant. Nous avons arpenté la rue principale en long en large et en travers avant de finir dans un pub irlandais. Demain, si le temps n’est pas trop pourri, crapahutage dans le parc de la Terre de Feu.

Burnt by the sun

Clavier qwerty et pas beaucoup de temps…

Après 18h d’avion et 19h de car, arrivé à Puerto Madryn, près de la Peninsula Valdez, à … 7h du mat’ (oui, on est comme ca…) Première journée (hier) passée à faire du vélo pour aller voir les lions de mer (tiens, et on a croisé une baleine morte sur la plage, aussi) et constatation : il fait un temps parfaitement magnifique, quoique frisquet le matin, et … la Patagonie est sous le trou de la couche d’ozone. Ainsi donc indice 50 obligatoire, et les zones épargnées ou négligées se vengent durement : à l’heure actuelle le moindre photon qui heurte mes bras me fait l’effet d’une claque…

Le lendemain  (aujourd’hui, donc) visite des habitants du lieu : la baleines et le pingouins, à la Peninsule Valdez. Les trajets entre les différents points du vu sont pour la plupart long et chiant, d’ailleurs tout le monde dort pendant que je lis mon bouquin, mais ça vaut le coup d’œil, vraiment. Faudra juste pas voir des baleines tous les jours sinon je n’aurai pas assez d’espace sur ma carte mémoire.

So far, tout va bien. Demain départ pour El Calafate via Rio Gallegos (oui, quelque chose comme plus de 20h de car)

Fini de rigoler

Fini de rigoler …

Une fois dans le taxi qui me ramenait de l’aéroport, fini de rigoler. C’est plus l’heure de faire des blagues, de raconter des conneries, de faire le con comme je faisais là-bas. Retour à la vie sérieuse.

Paris semblait une ville fantôme, par rapport à Delhi : pas de klaxons dans tous les sens, pas de véhicules ou de vaches en travers de la voie, que des voitures bien entretenues, chacune sur leur file, pas un papier qui traîne (comparativement, hein), des routes bien entretenues, une température clémente.

Manque d’extrêmes, ce pays ..

Rien n’avait changé, chez moi. Comment cela aurait-il pu, d’ailleurs ? Par la grâce du Krist ? Je ne lui en demandais pas tant, de toute façon.

Fini de rigoler, retour à la vie normale. Reprendre le cours des choses. Je m’étais échappé quatre semaines, un trou noir dans l’univers que j’ai quitté, je suis revenu changé, le monde pas tant que ça, mais mon monde certainement un peu. Il fallait que je me mette à jour.

Fini de rigoler, plus de crises de rire avec Côme ou Charles, ma parenthèse enchantée s’est terminée. Je me sens pas assez à l’aise dans ce monde-ci, qui est pourtant celui où je passe la plupart de mon année, pour sortir autant de connerie que là-bas, pour être autant monté sur ressorts.

Pourquoi ? Je sais pas, je le sens comme ça. Peut-être que ce monde-ci ne me laisse pas autant de liberté, ne laisse pas autant de place à mon propre rythme (« mais crée donc, mon lapin ! ») Trop de contraintes ? Trop de couloirs, trop de canaux, trop de lignes, trop de prisons, trop de gens ?

Fini de rigoler. Depuis, je suis plus grave. Pas que je fasse la tête, non, je suis juste … jet largué, la tête dans les nuages, à essayer de voir Pourquoi et Comment. Pourquoi le monde est ainsi, pourquoi suis-je ainsi, pourquoi ceci va dans ce sens, comment appliquer ce que j’ai découvert, comment faire ma trace, comment gérer mieux ce qui va m’arriver, comment être mieux, and so on …

Ouaip, fini de rigoler.

Peu d'avion deservent Leh

Oui, jeu de mots vaseux. Mais pour expliquer que comme il y a peu d’avions qui arrivent, quand Air France chie et oublie de mettre votre sac dans la soute, he bien c’est la galere.

Normalement il arrive arpes-demain, mon sac, mais nous serons a Lamayuru. Donc pour l’instant je tape les fringues de Come et Charles. Et heureusement que j’ai mon super chapeau 🙂

Leh, 3800m d’altitude, donc tendu : faut s’acclimater. Mais comme d’hab, ca se passe pas mal.

Impression de revenir a la maison, en respirant l’odeur de l’aeroport de Dehli, de Dehli elle-meme, et l’air de l’Himalaya…

C’est sans douts mon unique connexion a internet avant que je revienne, so … enjoy 🙂 et a bientot !

Mauvais rêve

Le retour à Paris s’est bien passé, il a été assez rapide (à coup de bouquins, le temps passe vite)

J’ai rendu la voiture crade comme elle était

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Kia Spectra, pile
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Kia Spectra, face

Un aperçu de mon coffre, tout de même:

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Le plus dur a été le trajet entre la station de métro et chez moi: j’avais (et j’ai toujours) l’impression d’être dans un mauvais et glauque rêve: rien n’a changé alors que moi oui, j’ai l’impression de retourner m’empêtrer dans de la mélasse, je n’éprouve aucun bonheur à retrouver Paris ou mon appart’. Pas que ça m’angoisse mais ne me tente pas plus qu’un plat de nouille froide que je serai obligé de manger.

J’ai fait un bout de chemin, et je reviens à mon point de départ qui lui n’a pas changé. J’ai l’impression d’avoir fait tout ça pour rien, d’être revenu en arrière.

Merde, c’est pas en revenant en arrière qu’on avance, non?

« Il n’y a pas de destination, rien qu’un chemin »

Rober Sylverberg in « Voué aux ténèbres »

Départ pour Pointe-à-la-garde (ville qui n’a d’autre intérêt, pour le voyageur, que le château Bahia) le lendemain, depuis Percé. Au petit dèj’, à discuter, une Bruxelloise va vers là où je vais mais s’arrête avant, à Bonaventure (la ville, pas l’île).

Je lui propose donc de l’y emmener. Elle aussi fait un PVT, et épatant comme d’une part les gens peuvent vous remarquer sans que vous-même les remarquiez (elle m’avait vu à Sea Shack) et d’autre part vous pouvez raconter des choses vraiment profondes et intimes à des gens que vous ne connaissez absolument pas et n’avez quasiment aucune chance de revoir.

Je laisse la miss à sa destination, et pars vers Pointe-à-la-garde. En chemin je me fais un petit site classé par l’UNESCO: le parc naturel de Miguasha, qui a d’exceptionnel les fossiles qu’on y trouve. Deux heures de fascinante visite animée par une captivante naturaliste (tous les naturalistes l’étaient, de toute façon), et je repars vers Pointe-à-la-garde, 15 km plus loin.

Alors, le château Bahia est un château en bois style renaissance faite par un mec. Des ses propres mains, avec des potes et sa famille. Il est un peu pommé au milieu des bois, et sans être extraordinaire, il vaut le coup d’œil.

J’y retrouve comme convenu Elsa et Kelly, et leurs 3 compagnons de route.

Après bouffage, on entreprend de se mettre une mine en compagnie de deux jeunes québécois. Au menu: feu de bois sur la plage.

Le problème est que le bout de plage où l’on doit faire ledit feu est … inondé par la marée haute.

Pas démonté, avec Kelly nous partons à la recherche d’un accès vers la mer. Après avoir visité quelques chemins propriétaire, nous finissons par tomber, avec l’aide d’un québécois local, sur un accès publique bien connu des jeunes du coin.

De papotage en papotage, on se couche un peu avant 4h et il est question qu’Elsa et Kelly abandonnent ceux avec qui elles voyage pour me suivre.

Le lendemain matin la décision est prise: elles me suivent. Transbahutement de bagages et décollage pour … Montréal City. En route on recroise le parc du Bic. Elles veulent y faire une halte une nuit.

Rapide calcul: je ne suis pas si pressé, et il n’y a QUE 500km entre le Bic et Montréal, facilement faisable en une journée.

Adjugé vendu: je reste une nuit au Bic. Grimpette easy du Mont Champlain (et c’est la première fois depuis que je connais les filles que nous faisons une activité ensemble; autre que se mettre minable, s’entend) puis … chasse aux putain de moustiques de merde qui tentent de nous perturber pendant notre repas de pâtes aux pâtes al dente.

Débat du soir: moi, le lendemain, je vais à Montréal. Elles n’ont pas cet impératif mais ça leur simplifierait la vie de descendre avec moi. Parallèlement, il n’y a pas grande chose à faire entre ici et Montréal, du moins de ce côté du St Laurent. On se couche sans avoir tranché (mais avec deux bières dans le cornet pour moi).

Le lendemain matin, débat toujours pas tranché, mais elles n’ont plus rien à faire au Bic, donc elles embarquent et elles décideront en route quoi faire.

Deux heures de route plus tard, constat: à part une érablière (endroit où l’on fait le sirop d’érable) y a rien à visiter jusqu’à Montréal. Donc, bien que ça les fasse chier de se rendre à la métropole, elles vont y aller. Moi, perso, ça me fait plaisir de les avoir pour le voyage! Pas que j’avais peur de me faire chier, mais je les aime bien et j’ai pas envie de me séparer d’elles.

Arrivé dans la banlieue de Montréal, une grosse bestiole pas sympa pointe le bout de son museau: le cafard. Trafic, ville, monde, retour à la case départ, départ tout court… J’ai beau me répéter qu’il n’y a pas de destination mais qu’un chemin, ça me soûle: pas envie de finir l’aventure.

Je repense à Sea Shack, au château Bahia, aux campings que j’ai fait, aux choses que j’ai vu, au pays où je suis, à tout ce qu’il s’est passé pendant ces trois semaines qui sont passées comme un éclair, à la gentillesse des gens, aux voyageurs que j’ai rencontré, à mes deux PVTistes co-voiturières qui vont continuer leur périple, à la difficulté de raconter ce que j’ai vécu à ceux qui n’ont pas partagé mon histoire, et à ce que ce voyage a changé en moi…

My Buddha, ce que ça a changé en moi… Je suis senti entier comme rarement je me suis senti entier. Pourquoi? Je me suis senti à ma place bien que loin de « chez moi » et toujours en mouvement. Pourquoi? Pour une fois je n’étais pas à moitié à ce que je faisais, je n’en étais pas détaché. Pourquoi?

Je sens que je vais avoir la tête dans les nuages un certain temps et que des décisions radicales vont s’imposer…

Je dépose les deux filles pas loin de chez elles, avec la promesse qu’on va aller se boire un verre le soir-même.

Je rentre chez Seb et Crystelle. Puis on rejoint Elsa et Kelly pour boire un verre.

La situation est étrange: Montréal, synonyme d’arrivée/départ, donc de fin; Seb et Crystelle, synonymes de ma vie Française, et Elsa et Kelly, synonymes de mon voyage et de ma liberté. Tout ça se bouscule dans ma tête. Je souris bêtement en regardant les deux filles.

Fin du voyage… Tout ceci n’était-il qu’un rêve? « Non », me répond la présence d’Elsa et Kelly.

J’ai vraiment du mal à y croire…

On va boire ce verre, et je passe mon temps à … je ne sais pas quoi. Trier mes souvenirs dans ma mémoire? Regarder tout ces gens étrangers? Faire le lien entre ce que j’ai vécu et ce qui m’attend? Mais sourire, indéniablement.

Je commence à me dédoubler, à nouveau.

A la sortie du bar, je demande à Kelly si ce qu’on a vécu était bien réel. Elle me répond que oui, dans un grand sourire qui me rappel ces trois semaines et ce qui a changé en moi…

Là, ce soir, chez Seb et Crystelle, je me demande vraiment si tout ceci n’était pas un rêve…

Demain, rangement de ma fidèle Kia Spectra, foyer sur quatres roues de mes trois dernières semaines, et Tetris: va falloir que tout tienne dans mon sac à dos…

Décollage pour Paris à 17h, heure locale.