La prison de verre

Comment briser la prison de verre ? Celle dont tu ne connais pas la distance ni l’étendue ni la solidité. Tu sais qu’elle te donne l’illusion que tes actes portent, que tout est possible, que les gens te voient, que tout est à portée de main.

Celle qui te rend dingue parce tu vois tout mais que rien n’est atteignable : tout est à une distance inimaginable. Tout est à une distance émotionnelle inimaginable.

C’est le chaos à l’intérieur, et absolument rien n’en sort dans une direction quelconque. C’est un chaos insupportable, ça me rend dingue. Ça ne touche rien ni personne, ça ne fait absolument rien bouger, ça ne fait rien avancer, ça n’arrête même pas le temps !

Ça ne fait que me rendre d’une impuissance folle.

Et je doute qu’il en sorte une étoile qui danse.

Furieux

Furieux bien sûr furieux ! Couché furieux, levé furieux, journée furieux, soirée furieux. Voyons.

A constater que tu reste le même, voyons, ça sert à rien de t’énerver. Tu es où tu es et tu y resteras, tu peux être aussi furieux que tu le veux ça ne changera pas. Que voudrais-tu ? Le monde tourne et s’en cogne fondamentalement de toi.

Oh tu peux t’énerver, t’exciter, rien ne changera. Rien. Ils resteront à leurs place, elle restera à sa place. Tu resteras à la tienne, celle à laquelle tous te mettent, tu n’y échappera pas.

Tu peux essayer, essayer d’échapper à la réalité, c’est mort : le temps coule, la journée avance, les choses se meuvent, le soleil se couche, la soirée avance, tu vas aller te coucher et le sommeil va en effacer une bonne partie et demain… rien n’aura bougé, ça aura glissé entre tes doigts sans que tu puisse y faire quoi que ce soit.

Oh tu peux boire pour abréger cette journée, t’évader de toi-même quelques heures. Tu souffriras moins, quelques heures. Tu n’auras rien volé du tout, rien changé du tout.

Voyons mec, pourquoi voudrais-tu que cela change ? Oh tu peux hurler, pleurer, les pièces vont se déplacer, un peu, et revenir à leurs places assez vite. Quelle que soit l’énergie que tu y mettras.

Tu peux bien être furieux, tout le monde s’en fout, et tu le sais ! La réalité s’en fout, les gens s’en foutent, le temps s’en fout, ton métabolisme s’en fout. Hurle ce que tu veux, furie ce que tu veux, ça n’aura aucun impact et tout le monde s’en cogne.

Ce que ça va t’apporter c’est te mettre hors de toi et tu vas voir l’étendue de ton désert, l’immensité de ton impuissance, l’infini cycle de tes errements, l’épaisseur du silence qui te ceint, le néant de ton influence.

Tu te fais du mal, ferme ta gueule, bois, monte le son, et vas te coucher.

T’en as rien à foutre

T’en as rien à foutre, de moi, n’est-ce pas ? Comme tous les autres.

Pourquoi je t’écris, alors (que tu ne réponds pas) ?

T’en as rien à foutre, car comme tous les autres tu pense que je vais très bien me démerder seul car je l’ai toujours fait. Mais au fond vous n’en avez rien à foutre, n’est-ce pas ? Vous êtes tous loin, vous me regardez de loin, vous me parlez de loin mais vous ne venez jamais me voir. Jamais. Et si c’est pas moi qui appel personne ne le fait.

Encore moins toi.

T’en as rien à foutre, avoue.

Avouez que je vous fais marrer mais vous n’en avez rien à carrer de moi. Là ou pas là votre vie continuerait, vous n’en auriez toujours autant rien. à. foutre.

Avouez que ça vous arrange que ça soit moi qui aille toujours vers vous, puisque vous ne venez jamais vers moi.

Pas un qui me prenne entre quatre yeux pour me demander comment ça va, et m’écoute. Puisque c’est toujours moi qui le fais.

T’en as rien à foutre, vous n’en avez rien à foutre.

Les démons se déchaînent,

déchirent mon esprit et l’éparpille aux quatre vents. En conséquences je ne suis plus là puisque je suis occupé à essayer de le rassembler.

A essayer de le rassembler parce que cela ouvre des abîmes noires en dessous de lui. Des abîmes sombres, silencieux, vides, probablement riches.

Des abîmes que je devrais explorer, n’est-ce pas ? Des abîmes dans lequel je devrais me plonger, n’est-ce pas ? Arrêter de croire qu’il n’est pas possible d’arrêter le temps et enfin m’y enfoncer, n’est-ce pas ?

Profiter, en fait, que mes démons se liguent pour m’écarteler au lieu de le faire à chaque fois séparément. Profiter pour enfin arrêter de les suivre et enfin explorer ce qu’il y a sous mes pieds.

Je suis perdu, éparpillé, perdu et sans but puisque les suivre tous à la fois, ces putains de démons que je prends pour des guides, est impossible.

Perdu, et je ne sais pas pourquoi mais ça ne me fait pas si peur. De toutes façons je n’ai pas la tête à avoir peur puisque je ne suis pas là.

Le temps s’est un peu arrêté en moi. Je me suis un peu arrêté en moi.

Je regarde le vide en moi. Je suis sur le bord et je regarde le vide en moi. Vous me parlez mais je veux que vous me foutiez la paix, parce que je regarde le vide en moi. Je vous donne ce que vous voulez mais foutez-moi la paix : je regarde le vide en moi.

My Kingdom

De la solitude pour atmosphère.

Des chemins de traverse, zigzaguant, ne figurant sur aucune carte, en guise de routes. Des nappes de trance pour chants d’oiseaux. De couleurs, des formes, des liens pour paysage. Un temps instable pour horloge. La nuit le jour, le jour jusque tard dans la nuit, des sommeils courts et agités, peu peuplés de rêves.

Des culs-de-sac, des errements, des impasses, de la mélasse pour cheminement. Peu, distants et (pas si) provisoires sont les compagnons de voyage.

Du froid avec quelques rares explosions de chaleurs, du brouillard souvent, un temps clair rare et éphémère, ainsi est la météo.

Les rêves, mes rêves, ces rêves

Tout ceci a-t’il été réel ? Ai-je pu être celui qui a écrit toutes ces lignes, qui a vécu toutes ces histoires, a entendu toutes ces choses ?

Ai-je pu être le destinataire de toutes ces paroles ? Ai-je pu être le destinataires de toutes ces paroles ? Cela a-t’il pu être moi ?

A qui pensez-vous quand vous pensez à moi ? Quelle forme ai-je pour/en vous ? Suis-je moi en vous ? A qui parlez-vous quand vous me parlez ?

A qui parlez-vous quand vous me parlez ?

Tout jeci a-t’il été réel ? Ai-je été réel à ce moment ? Était-ce moi ?

Était-ce moi ?

Était-ce le même moi que maintenant ? Cela a-t’il pu être le même moi que maintenant ?

Quel chemin ai-je pris entre temps ?

Ai-je tant changé que je ne me reconnaisse pas être le digne descendant de cet être là ?

Ai-je tant changé que ces paroles me semblent destinées à un autre ?

Ai-je tant changé que je ne reconnaisse plus comme étant moi le destinataire de ces paroles ?

Ai-je tant sombré que je ne me reconnaisse plus (digne de ces paroles) ?

Shéhérazade (syndrome de)

Consiste à raconter des histoires sans jamais les finir, juste pour que l’autre ai toujours envie de vous avoir auprès de lui.

Par extension :

  • Créer des bugs pour garder son poste ;
  • Faire du code trop compliqué et être le seul capable de le comprendre ;
  • Manipuler quelqu’un en lui faisant croire que vous êtes nécessaire à sa vie.

Synonyme : se rendre indispensable.

« Parles »

Elle s’appelait Laure. J’avais une 25aine d’années. J’étais tombé immensément amoureux d’elle, de ses grand yeux bleus, de sa douceur. Mais à cette époque je ne connaissais pas vraiment mes sentiments, je ne savais pas vraiment mettre des mots dessus.

Elle avait quelqu’un dans sa vie.

Nous n’avons fait que nous effleurer. Mon cœur s’est arraché quand un soir elle est entrée dans la rame de métro en me laissant sur le quai.

Une semaine après nous mangions dans un bouiboui du quartier. Nous étions silencieux. Elle m’a regardé avec ses grands yeux bleus et sa douceur et elle m’a dit « parle… »

Elle ne me l’ai pas « dit ». Elle me l’a intimé + conseillé + supplié + ordonné + suggéré.

Ça m’a hypnotisé, je n’ai pas pu résister, me cacher ni prendre le temps d’ordonner mes pensées.

Alors j’ai parlé, j’ai tout déversé.