La capoeira, c’est toi

C’est moi, c’est lui, c’est nous, c’est ceci et cela, c’est tout le monde et un peu de chacun. C’est la vie.

10 jours sans en faire, retour en cours. La bise, le salut des capoeiristes, ça faisait longtemps que je ne les avait pas vu mais ils ne m’ont pas manqués.

Cours avec Mestre Russo. 46 ans de Capoeira, une dégaine à qui on ne lâcherait pas une pièce mais une présence qui interdit de déscotcher votre regard du sien.

Le cours est composé de geste simple, qu’il effectue avec le manque d’équilibre qui le caractérise, avec la lenteur qui le caractérise. Le cours est composé de philosophie de la capoeira, d’âme, de transmissions sans paroles, de butinage de connaissances comme les abeilles butinent les fleurs : sans tout prendre à chacune.

Le cours n’est pas à proprement parler crevant, mais j’y retrouve moi, mon havre, un de mes refuges. Je m’aperçois que j’ai peu de choses constantes dans ma vie, et la capoeira en fait partie. 4 ans 1/2 que j’en fait, mais un peu plus de 4 ans qui m’ont très profondément changé, que je vois comme un nid, une structure stable et fiable.

Pas le cours, pas le prof, pas le groupe, mais l’art, la langue, la philosophie, les valeurs, la musique, moi, eux, l’interaction, le mélange des âmes, ce que nous créons à l’interface de nous, ce qui justement existe en dehors de moi, sans moi. 4 ans 1/2 que je les côtoie sans les connaître, 4 ans 1/2 que je les connais sans les côtoyer … Et quand nous nous quittons je ne ressens pas de perte : je sais qu’ils sont là, dans l’air, en moi, dans la capoeira, dans mon âme de capoeira. Ils sont moi. Communication d’âme à âme, disait Russo.

Étrangement je me sens protégé par l’indifférence (apparente ? ) que le groupe me témoigne. Je pourrais ne pas montrer le bout de mon abada pendant des mois que personne ne lèverait une oreille. Personne ne vient jamais me parler, et quand ça se produit c’est uniquement de capoeira. Et vice versa.

Protection de geek.

Douillette protection : on me fout une paix royale, on me laisse être ce que je suis. Personne ne me demande rien (ni de bien jouer, ni de comprendre quoi que ce soit, ni qui je suis d’où je viens et comment je vais), comptes à rendre à personne, aucune obligation. Pas indifférence … respectueuse et bienveillante distance. Impression d’évoluer dans un liquide nutritif ! Le liquide ne te demande rien, est présent partout, n’exige pas ta présence pour exister, est d’une inépuisable générosité. A toi d’y piocher sans l’épuiser, à ta guise, à ta hauteur, à ta convenance, à ton humeur, peu ou beaucoup, il s’en fout, c’est toi qui choisi. Prends ou ne prends pas, il t’accueillera de la même manière. A toi, juste, de ne pas pisser dedans.

A toi d’en faire partie.

A toi de faire de la capoeira …

Tracklist : « Le futur » de Spicy Box, parce que le futur c’est toi.

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